Au port de Marseille-Fos, les croisières, grande inconnue de 2021

Le long des quais à Marseille, 14 navires de croisière sont amarrés, bloqués. Des équipages restreints assurent l’entretien.

En 2020, « le chiffre d’affaires et le trafic de marchandises ont baissé moins que ce que nous avions anticipé. En revanche l’activité voyageurs ne s’est pas redressée et la croisière, qui s’est complètement arrêtée pendant le premier confinement, n’a pas repris », a commenté auprès de l’AFP, le directeur général, Hervé Martel.

Le chiffre d’affaires du port méditerranéen a baissé pour la première fois depuis 2013 (-14% à 145 millions d’euros).

Si le trafic marchandises a reculé de près de 13%, le trafic passagers s’est lui effondré de 76%. Les liaisons avec la Tunisie ont repris mollement, le trafic vers la Corse a reculé de près de 30% et celui vers l’Algérie, toujours bloqué, a été réduit à quasi néant (-90%).

Côté croisières, seulement 100.000 passagers ont transité par la deuxième ville de France, contre 1,8 million en 2019.

Le croisiériste italien Costa avait envoyé une note positive au secteur en reprenant en septembre, uniquement dans les ports italiens. Après une interruption pendant les fêtes, il devait reprendre les voyages en Italie le 1er février mais a repoussé au 13 mars en raison des restrictions dues à la pandémie.

« L’idéal serait un redémarrage en mars » et « si 100% de la population est vaccinée fin août, il y a un espoir pour la fin de saison », veut croire Hervé Martel à Marseille.

Toutefois, le bout du tunnel sera plutôt « fin 2021, début 2022 », concède-t-il.

– « pas le moment de tout arrêter » –

L’activité croisières reste toutefois minoritaire pour le port de Marseille et les dirigeants estiment que la diversification de ses activités lui ont permis de tenir son rang dans un contexte qui a prouvé que les métiers de l’approvisionnement étaient au coeur de la survie d’un pays.

Et même si de gros concurrents comme Anvers ont mieux résisté, la présidente par intérim du Conseil de surveillance, Elisabeth Ayrault, estime que la baisse du trafic est « extrêmement raisonnable ».

« On pouvait craindre des profondes évolutions des schémas de desserte des lignes maritimes. Pour l’instant, on n’a pas à subir les conséquences d’évolutions profondes qui pourraient produire un effondrement de certains ports », ajoute Hervé Martel.

L’activité conteneurs a moins souffert que le trafic marchandises général (-9% en tonnage), face à des concurrents européens (Rotterdam, Anvers etc.) féroces et beaucoup plus gros sur ce segment que Marseille-Fos. Le trafic des vracs liquides s’est replié de 11% et celui des vracs solides a chuté de 22% face à une demande d’acier en berne.

En témoigne l’arrêt pendant la moitié de l’année d’un des deux haut-fourneau du sidérurgiste ArcelorMittal à Fos-sur-Mer, premier client du port.

La centrale à charbon de Gardanne, près de Marseille, ne reprendra elle finalement jamais son activité, conformément aux engagements d’Emmanuel Macron de fermer les quatre dernières centrales à charbon du pays.

Malgré tout, la présidente du conseil de surveillance estime que « ce n’est pas le moment de tout arrêter » et qu' »il faut être prêt aux conditions de redémarrage ». Raison pour laquelle 51 millions ont été investis l’an dernier essentiellement dans la transition énergétique, un peu moins que les 57 millions prévus initialement.

Le plan d’investissements de 342 millions d’ici 2024 est pour l’instant maintenu pour permettre notamment la construction d’une nouvelle gare maritime pour le Maghreb d’ici 2022 ou la poursuite de l’électrification des quais pour lutter contre la pollution.

Le port espère ainsi conquérir de nouveaux marchés et promet un gel de ses tarifs de droits de port dans une année qui s’annonce encore compliquée et qui verra en France la fusion dans un établissement unique des ports du Havre, Rouen et Paris.

san/iw/dlm

ARCELORMITTAL

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