La zone couverte par le projet de parc naturel marin (PNM) recouvre 420 km2 d’espace marin et 127 km de linéaire côtier, jusqu’à 3 miles au large, touchant dix communes en bordure du bassin ou d’océan: une zone ou vivent 120.000 habitants à l’année, mais qui enfle jusqu’à près 300.000 en saison, en incluant résidents secondaires et touristes, et plus de 12.000 bateaux, la plupart motorisés.
Le bassin lui-même, idyllique lagune de 174 km2 se vidant aux deux-tiers à marée basse, est au coeur du parc, avec ses ecosystèmes variés (dunes, prés salés, herbiers à zostères…), et sa faune à l’ambassadeur emblématique: l’hippocampe. C’est un de ses rares habitats privilégiés en Europe.
Les parcs naturels marins, créés en 2006, sont l’une des catégories d’aires marines protégées, distincts des réserves naturelles, des parcs nationaux, ou encore des sites Natura 2000. Même si tous dépendent de l’Agence (publique) des aires marines protégées.
« Outil de gestion » adapté à de grandes étendues marines, un parc naturel marin met en place un « conseil de gestion », associant représentants de l’Etat, des collectivités locales, des professionnels (ici ostréiculteurs, pêcheurs notamment), des associations de défense de l’environnement, des usagers de loisirs (plaisanciers), etc.
« Il ne s’agit pas d’une réserve, de mettre une zone maritime +sous cloche+. Mais d’un lieu unique de discussion, d’échange entre tous les acteurs, pour gérer les conflits potentiels d’usage » entre eux, explique François Deluga, maire PS de la commune du Teich, et militant depuis six ans de la création du PNM.
S’il n’a pas pouvoir de réglementer, le « conseil de gestion » du parc peut par contre proposer aux préfets de prendre des mesures, règlementaires ou techniques, au service d’un triple objectif: mieux connaître le milieu, protéger les écosystèmes, et développer durablement des activités liées à la mer.
« Le Bassin est un peu victime de son succès », résume Olivier Laban, président des 315 ostréiculteurs du bassin, qui salue la philosophie collégiale du PNM: « Pour que les acteurs locaux définissent ensemble les règles –au lieu de doctrines venues de technocraties parisienne ou bruxelloise– jusqu’où ils veulent aller, et comment concilier développement économique et protection du milieu ».
« Car tout le monde devient de plus en plus exigeant avec la qualité de nos produits », indique l’ostréiculteur, « mais les mêmes exigeants doivent comprendre qu’on ne peut faire n’importe quoi ou barboter n’importe comment sur la zone ». Pour autant selon lui, « il ne faut pas avoir peur » du PNM. « On y a tous intérêt ».
Le parc naturel marin du Bassin d’Arcachon sera le sixième –et le plus petit–, après celui de la mer d’Iroise, créé en 2007, puis ceux de Mayotte, du Golfe du Lion, des Glorieuses dans l’océan Indien, et celui des estuaires picards et de la mer d’Opale, créé fin 2012. Un parc naturel de la mer de Corail (Nouvelle-Calédonie) a par ailleurs été créé par arrêté local en avril.
Ségolène Royal doit aussi annoncer dimanche la mise a l’étude d’un nouveau PNM, au nord de la Corse, sur une zone englobant les Agriates et le Cap Corse. Trois autres sont en projet: sur l’estuaire de la Gironde et les Pertuis Charentais, dans le golfe normand-breton, et en Martinique.