CMA CGM ne veut pas payer davantage d’impôts

Paris, 20 juil 2022 (AFP) – L’armateur CMA CGM, qui paie peu d’impôts alors que son bénéfice net a atteint 7,2 milliards de dollars sur le seul premier trimestre, ne veut pas être soumis à une contribution plus importante pour ne pas être désavantagé par rapport à ses concurrents, a indiqué son PDG mercredi.

« Je ne veux pas être le seul à payer », a résumé Rodolphe Saadé, le patron du groupe marseillais, lors d’une audition au Sénat.

« Nous vivons dans une période exceptionnelle où la demande a été exceptionnelle », à un niveau « jamais connu », suite à la crise du Covid-19, a-t-il remarqué

« Le marché a explosé à la hausse », a-t-il poursuivi, notant que le transport maritime, activité cyclique par excellence, suivait la loi de l’offre et la demande.

« On est venus avec une série de mesures pour essayer d’aider » les clients français, avec un gel des tarifs, des réductions pour les PME et une ristourne à partir du 1er août, a-t-il énuméré. « On est prêt à aider. »

« Aujourd’hui, je suis la seule compagnie maritime à faire ce que je fais. Mes concurrents, personne n’a bougé. Donc j’entends le fait de dire que les tarifs sont très élevés, mais il faut regarder ce que font mes concurrents », a déclaré M. Saadé. « Vous me direz +c’est pas assez+, j’ai fait des propositions. Au gouvernement de décider ce qu’il veut faire. »

« Je considère que mon devoir est de continuer à investir, à créer de l’emploi, de rester rentable », a-t-il souligné, mettant en avant son « patriotisme » et relevant que 90% des bénéfices étaient réinvestis dans l’entreprise.

CMA CGM est comme ses concurrents soumis à la « taxe au tonnage » –une taxation sur la taille de la flotte, appliquée par de nombreux pays– pour le transport maritime et à l’impôt sur les sociétés pour le portuaire et la logistique, a expliqué le PDG, alors que le sénateur Fabien Gay (PCF) s’étonnait de ce que le groupe n’a payé l’an dernier que 370 millions d’euros d’impôts.

« Je ne veux pas, moi, groupe CMA CGM, groupe français, fleuron du transport maritime en France, me retrouver dans une situation de désavantage » face à la concurrence –notamment le danois Maersk et le suisse MSC–, a-t-il martelé alors que son entreprise pourrait être visée par une éventuelle taxe sur les « surprofits ».

« On s’est débrouillé » quand les tarifs étaient bas et que le groupe frôlait la faillite. « Vous étiez où? », a lancé M. Saadé aux sénateurs.

Le dirigeant a remarqué que les taux de fret ont perdu 40% ces dernières semaines, prédisant « un atterrissage en douceur » pour le transport maritime après deux ans de surchauffe.

liu/els/er

A.P. MOELLER-MAERSK

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