Conseil de l’Europe contre la Russie: la Turquie s’est abstenue

Istanbul, 25 fév 2022 (AFP) – La Turquie s’est « abstenue » vendredi lors du vote visant à suspendre la Russie du Conseil de l’Europe en réponse à l’invasion de l’Ukraine, a indiqué le ministre turc des Affaires étrangères.

« Lors du vote à Strasbourg (siège du Conseil de l’Europe, ndlr) la Turquie a choisi l’abstention. Nous ne voulons pas couper le dialogue » avec la Russie, a justifié Mevlüt Casuvoglu lors d’un entretien à la chaine NTV.

Ankara a pourtant jugé à plusieurs reprises « inacceptable » l’invasion russe de l’Ukraine.

Selon le magazine allemand Der Spiegel, la Turquie est le seul membre de l’organisation pan-européenne à s’être abstenu, l’Arménie et la Russie ont voté contre et tous les autres (42) pays, pour, la suspension de Moscou.

L’Azerbaïdjan n’a pas pris part au vote, ajoute l’hebdomadaire sans préciser sa source.

Depuis l’invasion de l’Ukraine, il s’agit de la première sanction de cet ordre prononcée par une organisation internationale dont la Russie est membre.

La Turquie, membre de l’Otan et riveraine de la mer Noire comme les deux belligérants, avance sur la corde raide depuis le début des hostilités.

Ankara, qui avait offert sa médiation pour tenter d’éviter un conflit entre Moscou et Kiev, essaie de ménager ses relations avec les deux capitales.

Considérée comme alliée de l’Ukraine – auquel elle a vendu des drones militaires notamment – elle est aussi très dépendante de la Russie, à laquelle elle a acheté un système de défense anti-missile, ainsi que du gaz et des céréales.

Cependant, le président Recep Tayyip Erdogan a jugé dès mardi « inacceptable » l’opération russe en Ukraine et fustigé, vendredi, le « manque de détermination » de l’Union européenne et de l’Otan dans leur soutien à l’Ukraine.

« Tout ce qu’ils font c’est donner des conseils et des avis à l’Ukraine sans lui apporter de vrai soutien », a dénoncé le chef de l’Etat turc parlant de « théâtre ».

Par ailleurs, la Turquie a refusé jusqu’à présent d’accéder à la requête de l’Ukraine qui lui a demandé de fermer le détroit des Dardanelles, donc l’accès à la mer Noire, aux navires russes.

Ankara contrôle l’accès à la mer Noire par le traité de Montreux, signé en 1936, qui garantit la libre-circulation des navires marchands en temps de paix et lui accorde le droit de bloquer les navires de guerre dans certaines circonstances, notamment si la Turquie elle-même est menacée.

« Nos experts sont en train d’étudier s’il y a une état de guerre du point de vue légal » a fait savoir vendredi M. Cavusoglu.

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