Des sondes pour anticiper les effets de l’acidification des eaux sur les huîtres

Brest, 2 fév 2022 (AFP) – Un réseau inédit de sondes a été déployé sur six sites conchylicoles, dans le cadre d’une étude menée par l’Ifremer, afin d’anticiper les effets de l’acidification des eaux côtières et proposer des mesures d’adaptation à long terme, a annoncé mercredi l’institut public.

« C’est une première mondiale », s’est félicité lors d’une visioconférence Fabrice Pernet, chercheur au laboratoire d’écophysiologie de l’Ifremer, à propos de ce réseau doté d’une douzaine de sondes dont six déployées dans des sites conchylicoles.

Le suivi de l’acidification des océans, provoquée par l’absorption dans la mer du CO2 produit par les activités humaines, se fait principalement au large. Près des côtes, là où les milieux sont le plus vulnérables à l’acidification, aucun suivi n’avait encore été réalisé sur des sites conchylicoles, selon l’institut.

« Il y a un vrai trou dans la raquette », a estimé Fabrice Pernet, coordinateur du projet CocoriCO2 mené par l’Ifremer en partenariat avec le CNRS et les professionnels de la conchyliculture.

Les sondes de ce réseau ont été installées depuis janvier 2020 depuis le nord de la Bretagne jusqu’à la Méditerranée, en passant notamment par Brest, Quiberon, Oléron, Arcachon et Sète. Dans chaque zone, deux dispositifs ont été placés: l’un près de la côte, l’autre plus au large pour observer les différences de pH.

« Il nous faut aujourd’hui suivre précisément le pH dans la zone côtière (…) pour être capable d’évaluer la vulnérabilité des écosystèmes vis-à-vis de ce stresseur (l’acidification, ndlr) », a expliqué Fabrice Pernet, soulignant que les effets du réchauffement et de l’acidification de l’océan sur la santé des huîtres étaient en partie connus.

Mais la plupart des études réalisées dans le monde jusqu’ici se limitent, selon lui, aux effets à court terme sur une seule espèce à un stade de développement donné, sans considérer les effets d’autres facteurs de stress comme la température ou la nutrition.

Le projet mené par l’Ifremer porte sur la prise en compte de l’évolution future du pH et de la température sur au moins trois générations de bivalves maintenues dans des conditions écologiques les plus proches de la réalité.

« C’est en évaluant la vulnérabilité des écosystèmes et la vulnérabilité des espèces à long terme que l’on sera capable de se projeter et d’évaluer comment la filière va pouvoir s’adapter à ces conditions nouvelles qui vont arriver très, très vite », a assuré le chercheur.

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