Lorsque ses bateaux recueillent des migrants en mer, il est tout simplement légalement impossible à Frontex de les renvoyer chez eux. « Il en a toujours été ainsi, c’est le principe de non-refoulement », a indiqué à l’AFP la porte-parole de l’Agence européenne pour la gestion des frontières extérieures de l’UE, basée à Varsovie, au retour d’un voyage à Lesbos, une des îles grecques confrontées à l’afflux de migrants.
« Il est très facile d’arriver (en Grèce) par la mer. Ce n’est pas un champ où on peut mettre une clôture », a souligné Ewa Moncure. Or, « selon le droit international, toute personne qui franchit une frontière européenne a la possibilité de déposer une demande d’asile », a-t-elle rappelé.
La Grèce s’est retrouvée lundi sous la pression de ses partenaires européens pour mieux contrôler sa frontière avec la Turquie, principale porte d’entrée des migrants dans l’UE, lors d’une réunion à Amsterdam.
Mais les bateaux et les collaborateurs de Frontex, lorsqu’ils recueillent en mer des migrants, « ne peuvent que les emmener en Grèce », selon Mme Moncure. « En pleine mer il est impossible de les interroger, d’autant que souvent ils n’ont pas de documents identité ».
« Seuls ceux recueillis par les Turcs sont ramenés en Turquie », précise-t-elle.
« Et seuls les passeurs font demi-tour quand ils voient les bateaux de Frontex, car ils risquent la prison. Les migrants ne risquent rien – sauf qu’ils risquent leur vie en haute mer – la plupart veulent demander l’asile, les autres veulent simplement arriver en Europe ».
Par ailleurs, poursuit la porte-parole de Frontex, il est quasiment impossible de surveiller les frontières grecques, car le pays a une très longue côte et compte des centaines d’îles, dont certaines inhabitées et proches des côtes turques.
Il en est de même pour la côte libyenne, longue de mille kilomètres, d’où les migrants naviguent vers l’Italie. « Tenter d’y intercepter un canot de réfugiés c’est comme chercher une voiture dans un pays comme la Roumanie », relève Mme Moncure.
De plus, ceux qui partent de Libye voyagent dans les eaux internationales, où le droit protège la liberté de navigation et interdit aux gardes-côtes d’intercepter une embarcation, sauf si c’est pour lui porter secours.
Un problème qui « n’existe pas entre la Turquie et la Grèce, où les bateaux de Frontex se trouvent toujours dans les eaux territoriales de l’une ou de l’autre ».