« Ces travaux montrent à quel point l’élévation du niveau de la mer est une nouvelle menace qui pèse sur la biodiversité » et « les politiques de conservation ou de sauvegarde d’espèces en danger doivent aussi prendre en compte les conséquences de ce processus inexorable », écrivent mardi dans un communiqué les auteurs, chercheurs au CNRS/Université Paris-Sud.
Les scientifiques ont travaillé sur des hypothèses de hausse du niveau de la mer allant de 1 à 3 mètres autour de 2100, une fourchette désormais avancée par de nombreuses études.
Ils sont croisé les profils de 1.269 îles françaises (sur les 2.050 existantes de plus d’un hectare) avec ces projections d’élévation des eaux.
Selon leurs résultats, entre 6 % (dans l’hypothèse d’une hausse de 1 mètre) et 12% (hypothèse de 3 mètres) des îles françaises sont menacées d’être totalement submergées.
« La Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie seraient les régions les plus affectées », notent les chercheurs. La Nouvelle-Calédonie abrite 30% des îles menacées, la Polynésie française également 30% et la Méditerrannée 10%.
En terme de surface, cela représenterait 1,7 à 2% de la Nouvelle-Calédonie qui serait engloutie de façon permanente.
L’étude montre que « les espèces endémiques déjà répertoriées comme en danger par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) seront les plus vulnérables face à la hausse du niveau de la mer ».
La biodiversité des îles est de manière générale particulièrement riche : à titre d’exemple, les archipels français ne représentent que 0,08% de la surface des continents, mais abritent 1,4% des plantes, 3% des mollusques, 2% des poissons, 1% des reptiles et 0,6% des oiseaux.
En étendant leur modélisation aux quelque 180.000 îles du monde entier, les chercheurs estiment que 10 à 20.000 d’entre elles pourraient disparaître d’ici la fin du siècle.
« Les Philippines, l’Indonésie et les Caraïbes sont les zones les plus vulnérables », indiquent les chercheurs, estimant qu' »au moins 300 espèces endémiques, en majorité des plantes, y sont gravement menacées par l’élévation du niveau des mers ».
Les scientifiques soulignent qu’il s’agit de l’estimation « la plus basse ». Ils n’ont en effet pris en compte que les îles qui seraient submergées à 100% en permanence et non celles perdant 70, 80 ou 90% de leur territoire.
La hausse du niveau des mers est causée à part à peu près égale par la dilatation des océans, du fait de l’augmentation de leur température moyenne, et par la fonte des glaces.