Huit mois après la saisie par la Russie de bateaux de guerre ukrainiens au large de la Crimée et de la capture de 24 marins, cette première confrontation militaire directe entre les deux pays en cinq ans de crise dans leurs relations reste l’un des sujets les plus sensibles entre Kiev et Moscou.
Le tanker arraisonné y avait participé, selon les services de sécurité ukrainiens, en barrant aux bateaux ukrainiens l’entrée dans le détroit de Kertch, avant leur saisie manu militari par la Russie. Ses propriétaires russes ont ensuite changé son nom de Neyma à Nika Spirit afin de « cacher son implication dans cet acte d’agression ».
Arrivé mercredi au port ukrainien d’Izmaïl, situé dans l’estuaire du Danube, dans la région d’Odessa, il y a été arraisonné, ont indiqué les services de sécurité ukrainiens (SBU) dans un communiqué.
« Un groupe d’enquêteurs du SBU » a « perquisitionné le tanker arraisonné », « saisi des documents » et « interrogé les membres d’équipage », a précisé le communiqué, ajoutant que Kiev préparait une requête judiciaire en vue de la saisie du bateau.
« S’il s’agit d’une prise en otage des Russes, cela sera considéré comme une violation grossière du droit international et les conséquences ne se feront pas attendre », a averti aussitôt le ministère russe des Affaires étrangères, disant étudier la situation pour prendre des « mesures adéquates ».
Le ministère russe des Affaires étrangères a confirmé jeudi soir à l’AFP que les 10 citoyens russes faisant partie de l’équipage du tanker avaient quitté le territoire ukrainien et seraient bientôt en Russie.
Dans un nouveau communiqué, le SBU a déclaré que les dix marins avaient été relâchés car ils n’avaient pas enfreint la loi ukrainienne et internationale. L’Ukraine « respecte scrupuleusement le droit international de la mer et les décisions du tribunal de l’ONU sur le droit de la mer », ont ajouté les services de sécurité ukrainiens.
Selon le journaliste ukrainien Iouri Boutoussov, spécialisé dans les questions de sécurité, le tanker se dirigeait vers Izmaïl pour y être réparé et n’avait pas de cargaison à bord. « L’arraisonnement a été approuvé la veille par le président Volodymyr Zelensky », a-t-il affirmé.
– Le sort des marins ukrainiens –
Fin novembre, les autorités russes ont saisi trois navires de guerre ukrainiens qui tentaient de pénétrer dans la mer d’Azov, partagée entre les deux pays, par le détroit de Kertch qui la sépare de la mer Noire. Il s’agissait du premier incident armé direct entre ces deux pays, dont les rapports traversent une grave crise depuis 2014. Depuis, 24 marins ukrainiens sont retenus prisonniers en Russie.
Fin mai, le tribunal maritime international de Hambourg en Allemagne a demandé à Moscou de libérer « immédiatement » ces militaires. Le Kremlin a rejeté cette décision, estimant que l’instance n’était pas compétente.
Alors que Kiev et Moscou négocient leur éventuelle libération, le nouveau président ukrainien, l’ex-comédien Volodymyr Zelensky, a demandé fin juin à son homologue russe Vladimir Poutine de libérer ces marins. Mais à la mi-juillet, la justice russe à prolongé à nouveau de trois mois leur détention.
Les relations entre l’Ukraine et la Russie sont extrêmement tendues depuis l’arrivée au pouvoir de pro-occidentaux à Kiev en 2014, suivie par l’annexion de la Crimée et un conflit avec des séparatistes prorusses dans l’est, qui a fait près de 13.000 morts en cinq ans.