« Depuis le 1er janvier, 5.152 bateaux de fret sont passés sur la Seine à Paris, ce qui représente 167.000 camions qui n’ont pas emprunté le périphérique ou les voies parisiennes », s’est félicité mardi Thierry Guimbaud, directeur général des voies navigables de France (VNF) lors de la présentation du bilan 2021 du secteur.
« La dynamique de reprise du trafic est toujours là », a-t-il salué. Après « une chute constante, longue et prononcée » depuis les années 1970, le fret fluvial reprend des couleurs « depuis trois ou quatre ans », a-t-il détaillé.
Le secteur a été tiré par le BTP (+16%), revenu à son niveau le plus élevé depuis 30 ans, notamment grâce aux chantiers du Grand Paris Express et des jeux Olympiques qui sont « un moteur considérable » sur le bassin de la Seine, selon M. Guimbaud.
La métallurgie, les engrais chimiques et les conteneurs contribuent eux aussi à la croissance du secteur, à l’inverse du transport de céréales en raison d’une mauvaise saison 2020.
En ce qui concerne les bassins fluviaux, la Seine reste le numéro un en France et connaît une croissance de 8,9% grâce au BTP. Le Rhin, deuxième bassin en volume, a connu une année 2021 légèrement inférieure à 2020 en raison de crues historiques l’été dernier qui ont rendu la navigation impossible pendant plusieurs semaines.
« On a une déception: c’est le bassin Rhône-Saône qui accuse un vrai retard dans le développement fluvial », a déploré Thierry Guimbaud. Il affiche un léger recul d’activité (-0,6%) en raison « d’une moins bonne orientation des acteurs locaux sur le transport fluvial. On a plus recours à l’autoroute, alors que les infrastructures sont bonnes », explique le patron de VNF.
« Le mode fluvial, comme le ferroviaire, est un mode structurel, moins polluant mais qui nécessite des infrastructures », a-t-il insisté. Sa pertinence repose sur le fait qu’il transporte « très lourd, jusqu’à 5.000 tonnes, alors qu’un train c’est quatre fois moins », ajoute-t-il.
Avec la multiplication des zones à faible émission (ZFE) qui bannissent les véhicules polluants des grandes villes, « les camions pourront de moins en moins entrer dans les zones denses », veut croire Thierry Guimbaud, qui table sur une croissance du trafic de 50% d’ici à 2028.
La France ne dispose que de 2.000 km de voies navigables adaptées au fret (contre 30.000 km de voies ferrées par exemple), ce qui cantonne le fret fluvial à 3% du fret total.