La naissance d’un « chasseur »: Macron lance le sous-marin nucléaire Suffren

Premier sous-marin français lancé depuis plus de 10 ans, le Suffren est la tête de série des sous-marins de classe Barracuda, dont 12 exemplaires à propulsion conventionnelle diesel-électrique ont été vendus à l’Australie.

Devant le mastodonte d’acier noir de 99 mètres de long, dont l’étrave est recouverte d’une cocarde bleu-blanc-rouge et les parties confidentielles masquées à la vue des 700 invités, le président, encadré de deux salariés du constructeur Naval Group et de deux membres de l’équipage du navire, a simplement abaissé une manette. S’est alors déclenchée une micro-animation vidéo simulant la présence du sous-marin dans son milieu naturel, l’océan.

Plus de 700 personnes, dont la ministre australienne de la Défense Linda Reynolds, son homologue française Florence Parly et l’ancien Premier ministre et ex-maire de Cherbourg Bernard Cazeneuve ont assisté à la cérémonie.

« Aujourd’hui, nous célébrons une réussite industrielle », le 17e sous-marin nucléaire français, a déclaré Hervé Guillou, PDG de Naval Group, entreprise qui a construit le sous-marin avec TechnicAtome (ex-Areva) pour le réacteur nucléaire. Depuis 12 ans, 800 entreprises et plus de 10.000 personnes ont participé à sa construction.

« Ce ne sont pas seulement des sous-marins que vous construisez ici, ce que vous construisez, c’est l’indépendance de la France, c’est notre souveraineté (…), c’est notre statut même de grande puissance dans le monde », a salué le chef de l’Etat, qui a passé une heure dans les entrailles du bâtiment.

– « Ca change » –

Il a notamment visité le centre d’opérations du sous-marin doté d’un joystick pour le diriger et de nombreux écrans marquant la digitalisation du navire, notamment pour retransmettre les images d’une caméra numérique fixée en haut d’un mât qui remplace le périscope.

« Ca change », a souri M. Macron, qui a passé une nuit à bord d’un sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) peu après son élection.

Pour le PDG de Naval Group, les Barracuda sont « les meilleurs sous-marins du monde, à des prix extrêmement attractifs et des capacités opérationnelles tout à fait exceptionnelles. « Ça nous classe en toute première division » au niveau mondial, s’est-il réjoui.

Le coût du programme (développement et construction), qui accuse trois ans de retard, s’élève à 9,1 milliards d’euros, soit « à peu près 1 milliard par navire, 30 à 40% moins cher que ceux de nos partenaires européens », assure-t-il.

Le Suffren sera mis à l’eau fin juillet avant des essais à quai, puis en mer, et sa livraison à la Marine nationale à Toulon avant l’été 2020.

Les Barracuda visent à remplacer les six sous-marins de classe Rubis entrés en service à partir du début des années 1980.

« Ce qui naît aujourd’hui avec le Suffren, c’est un chasseur, pas un bateau qui va se cacher au fond de l’océan, c’est un bateau qui est taillé pour le combat » pour « rencontrer des adversaires », les « frôler » et « mener des missions de combat », a expliqué à la presse l’amiral Christophe Prazuck, chef d’état-major de la Marine.

La mission du SNA consiste à protéger les bâtiments précieux comme les porte-avions et sous-marins lanceurs d’engins (SNLE) porteurs des missiles nucléaires, à traquer les sous-marins ennemis et à recueillir du renseignement.

S’ajoutent deux autres missions: le tir de missiles de croisière d’une portée de 1.000 km contre des cibles à terre et le déploiement de forces spéciales. Le Suffren dispose pour cela d’un hangar de pont amovible, à l’intérieur duquel un propulseur sous-marin pour nageurs de combat est embarqué.

Par rapport aux Rubis, le Suffren est « 10 fois plus silencieux », selon l’amiral Prazuck. « Il fera moins de bruit qu’un banc de crevette » selon un responsable de Naval Group. Il est aussi « plus endurant, peut rester 70 jours à la mer (contre 45 pour les Rubis) et il est plus redoutable », avec missiles de croisière navals, missiles antinavires Exocet et torpilles lourdes.

Il permettra d’accueillir parmi son équipage de 65 personnes des personnels féminins. La précédente génération, trop exiguë, ne permettait pas d’aménager des espaces de vie séparés.

Son lancement intervient dans un contexte d’augmentation mondiale du nombre de sous-marins (+6% en 5 ans). Il y en aujourd’hui plus de 450.

mra-leb/cs/or

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