Au total, au moins 3.800 migrants secourus en mer Méditerranée depuis vendredi sont arrivés en Italie, essentiellement à Lampedusa et en Sicile, selon le décompte de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).
La situation était particulièrement tendue mardi à Lampedusa, encore marquée par l’opération de sauvetage au cours de laquelle 29 migrants sont morts de froid et plus de 300 autres ont disparu en mer la semaine dernière.
Le centre d’accueil, qui n’est plus ouvert que dans les situations d’urgence, accueillait mardi matin 1.200 personnes, dont 200 femmes et une centaine d’enfants.
Les quelque 260 derniers arrivés ont débarqué lundi soir. Plus d’une centaine d’autres ont été évacués par avion militaire dans la soirée, et d’autres devaient encore décoller dans la journée, pour être répartis dans les différents centres d’accueil à travers le pays.
Alors que le ministère de l’Intérieur a enregistré une hausse de 40% des arrivées en janvier par rapport au même mois l’année dernière, les 3.800 arrivées de ces derniers jours dépassent déjà largement le total de février 2014.
Joel Millman, porte-parole de l’OIM à Genève, s’est inquiété de voir « la saison des trafics » démarrer si fort et si tôt.
« Il y a beaucoup, beaucoup de spéculation sur les raisons. Les bénéfices (…) en sont certainement une, mais la situation échappe tellement à tout contrôle en Libye maintenant que même les bandes de passeurs craignent de ne pas pouvoir tenir indéfiniment leur stock — si je peux m’exprimer ainsi –, alors ils ont commencé à faire place nette », a-t-il expliqué.
Adrian Edwards, porte-parole du Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), a rappelé que ce trafic était particulièrement rentable, puisque les migrants arrivés ces derniers jours ont dit avoir payé leur passage entre 500 à 1.000 dollars.
« Avec une centaine de personnes par bateau, on parle de 50.000 à 100.000 dollars », a-t-il expliqué.
« Nous avons des informations venant d’Afrique sub-saharienne et de la corne de l’Afrique selon lesquelles les réseaux de passeurs se sont renforcés », a-t-il ajouté. « C’est un problème bien plus vaste que ce que nous voyons en Méditerranée, ou juste en Libye. C’est très vaste et très inquiétant ».