Le plan de sauvetage de la SNCM prévoit la suppression de 40% des effectifs

Ce plan, présenté ce jeudi en conseil de surveillance, prévoit 600 suppressions de postes à temps plein via des départs anticipés, des non-renouvellements de CDD et des départs volontaires, mais “pas de licenciements secs”, a-t-on appris auprès du ministère du Transport.

Une autre source proche des discussions a confirmé à l’AFP ce chiffre, mais précisé qu’en raison des temps partiels, quelque 800 personnes seraient affectées au total, soit 40% des effectifs. La SNCM compte en effet 1.400 emplois équivalent temps plein mais près de 2.000 employés en chair et en os.

Le plan sur la table du conseil, qui a débuté à 14H30 et devait s’achever en début de soirée, prévoit également le renouvellement des ferries de la compagnie, selon le ministère.

Deux de ses navires doivent être renouvellés à court terme, ainsi que deux autres “à moyen terme”, selon le ministère. En revanche, précise un proche du dossier, la flotte serait ramenée à sept navires (dont le Napoléon Bonaparte accidenté), contre neuf actuellement.

Ce volet doit encore être précisé: ni Veolia ni la SNCM n’ont l’intention de participer au financement de ces achats, selon la source proche du dossier.

Sollicités par l’AFP, les syndicats n’ont pas souhaité réagir dans l’immédiat, alors qu’un préavis de grève a été déposé pour le 27 juin, soit deux jours avant le départ du Tour de France, qui a lieu cette année sur l’île de Beauté.

Et un conflit dur pointe à l’horizon: “C’est simple, il n’y aura pas de saison s’il y a des suppressions de postes, on bloque tout à partir du 27 juin. On est plus que déçus, on est est dégoûtés”, a déclaré à l’AFP Camille Abboche, de la CFTC.

Nuages noirs

Déjà restructurée, puis privatisée en 2006, la SNCM est plongée dans une crise sans précédent. Structurellement déficitaire –ses pertes d’exploitation ont atteint 14 millions d’euros en 2012– l’opérateur historique du transport maritime Corse-continent a vu s’accumuler de nouveaux nuages noirs ces dernières semaines.

Saisie par le grand rival Corsica Ferries –qui navigue lui sous pavillon italien, plus favorable– la Commission européenne a condamné la France à récupérer 220 millions d’euros d’aides que Bruxelles juge incompatible avec la concurrence. Comme un seul homme, le camp français a annoncé qu’il ferait appel, mais une confirmation d’une telle amende briserait les reins de la compagnie.

Une autre menace plane sur l’entreprise: la délégation de service public (DSP) entre la Corse et le continent pour dix ans de plus (2014-2023), tarde à être renouvelée. Début juin, l’Assemblée de Corse a rejeté à l’unanimité l’offre de la SNCM.

En outre, son enveloppe a été nettement réduite, passant de 130 millions d’euros par an actuellement à 104 millions au maximum, avec la suppression de liaisons au départ de Nice et de Toulon.

L’actionnariat de la SNCM doit également évoluer sous peu: la compagnie est actuellement majoritairement (66%) détenue par Transdev, la coentreprise de transport de la Caisse des dépôts (CDC) et de Veolia Environnement, ainsi que par l’Etat (25%) et le personnel (9%).

Veolia doit reprendre seul la totalité de la part de Transdev, dans le cadre d’un accord financier qui doit être finalisé cet été.

Les regards se tournent désormais vers l’Etat: dans une lettre adressée mardi au ministre des Transports Frédéric Cuvillier, les représentants CFTC, CFDT, CFE-CGC, CGT et FO se sont alarmés de “l’absence d’intérêt concret du gouvernement pour ce dossier pourtant d’intérêt général et national”.

La semaine dernière, le directeur général de la CDC, Jean-Pierre Jouyet, assurait de la “volonté claire des pouvoirs publics, du ministre des Transports et d’autres, de maintenir la SNCM à flot”.

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