Car l’Organisation mondiale du commerce prend habituellement ses décisions par consensus.
La directrice générale de l’organisation, Ngozi Okonjo-Iweala, a demandé aux ministres de redoubler d’efforts afin de parvenir à une convergence de vues sur les différentes questions examinées et de ne pas perdre de vue que le temps presse pour conclure des accords significatifs.
« Cela exige que nous travaillions plus dur (…). La bonne nouvelle, c’est que des progrès ont été accomplis, mais qu’ils nécessitent un peu plus de travail et de temps », a-t-elle déclaré selon un communiqué publié dans la nuit.
« La moins bonne nouvelle est que nous manquons de temps, donc je pense qu’il est vraiment temps pour les ministres de prendre les décisions qui doivent être prises », a-t-elle souligné.
Signe d’une certaine tension, certaines délégations lui ont demandé que la conférence soit prolongée mais aucune décision n’a encore été prise.
« Elles estiment que nous pouvons vraiment franchir la ligne d’arrivée sur certains sujets si nous leur donnons un peu plus de temps », a observé Mme Okonjo-Iweala.
Cette ministérielle se tient alors que l’OMC a perdu en pertinence faute de pouvoir conclure des accords majeurs, le dernier grand accord remontant à 2013 sur la facilitation des échanges.
Mme Ngozi considère que si les ministres arrivent à tomber d’accord cette semaine sur au moins « un ou deux » sujets, « ce sera un succès ».
– Pêche et brevets –
Selon l’OMC, les ministres sont « très proches » de trouver un accord sur une déclaration ministérielle qui souligne l’importance de faciliter la circulation des outils nécessaires à la lutte contre les pandémies. Il est attendu également qu’ils fassent mention dans un autre texte de la nécessité de réforme de l’OMC, dont l’organe d’appel est bloqué par Washington.
Toutefois, l’issue des négociations sur les deux sujets phrare de la ministérielle – les subventions qui nuisent à la durabilité de la pêche et la levée temporaire des brevets sur les vaccins anti-Covid – reste très incertaine.
La levée temporaire des brevets divise. La Suisse et le Royaume-Uni, où l’industrie pharmaceutique pèse lourd économiquement, se sont montrés jusqu’à présent réticents à la levée des droits de propriété intellectuelle, tandis que certains pays en développement et les ONG estiment que le texte ne va pas assez loin.
Les négociations sur la pêche -lancées il y a plus de 20 ans- visent elles à interdire certaines formes de subventions encourageant la surpêche ou les prélèvements illégaux.
Des progrès ont été faits ces derniers mois sur des contentieux qui paraissaient jusque-là insurmontables, mais l’Inde réclame une période d’exemption de 25 ans la concernant sur l’interdiction des subventions contribuant à la surcapacité et à la surpêche.
Trop long, rétorquent de nombreux membres, qui visent plutôt 2030. Mais l’Inde a fait de cette question une véritable ligne rouge.
« Si la période de transition de 25 ans n’est pas acceptée, il nous sera impossible de finaliser les négociations », a lancé mardi le ministre du Commerce indien Piyush Goyal.
L’intransigeance indienne, soulignée par de nombreux diplomates, pourrait faire capoter plusieurs dossiers. Même si certains estiment que d’autres pays ont des vues similaires à l’Inde sans le dire aussi haut et fort.
Mme Okonjo-Iweala a jusqu’à présent fait part de son opposition à ce que les ministres fassent du marchandage entre les différents sujets, en lâchant un peu de lest sur la pêche en échange de quelque chose sur l’agriculture par exemple, un thème cher à l’Inde qui réclame un accord permanent sur la détention de stocks publics à des fins de sécurité alimentaire.
Le moratoire sur les droits de douane sur les transactions électroniques, en discussion mercredi à la ministérielle, cristallise également les tensions. L’Inde et l’Afrique du Sud réclament vivement que les ministres mettent fin à ce moratoire.