« Nous devons réinventer la filière du nickel en Nouvelle-Calédonie avec les autorités calédoniennes » mais il est « exclu de financer à perte un outil de production qui ne serait pas rentable », a déclaré le ministre de l’Economie lors d’un point de presse téléphonique.
Il s’est « réjoui que le gouvernement de Nouvelle-Calédonie ait décidé de soumettre » le texte du « Pacte Nickel » au Congrès de Nouvelle-Calédonie le 28 mars.
« C’est un acte courageux et de responsabilité » de la part du gouvernement néo-calédonien, a jugé M. Le Maire.
Le président du gouvernement calédonien, l’indépendantiste Louis Mapou, a dit jeudi vouloir recevoir l’habilitation du Congrès local avant de signer ce pacte qui implique un important engagement pour ce territoire déjà exsangue financièrement.
« La charge la plus importante pèse sur la Nouvelle-Calédonie et ces huit milliards (de francs Pacifique soit 67 millions d’euros), il faudra bien les trouver », a déclaré Louis Mapou aux journalistes en marge d’une présentation du Pacte au Congrès.
Ce texte, que l’AFP a pu consulter, prévoit notamment que le gouvernement calédonien finance la transition énergétique du territoire à hauteur de huit milliards de francs Pacifique, mais aussi qu’il renonce à « toutes mesures susceptibles d’accroître les charges ou de diminuer les recettes des entreprises métallurgiques ».
– « Graves difficultés » –
L’Etat en échange s’engage à des subventions au prix de l’énergie à hauteur de 200 millions d’euros par an, et d’autres aides pour décarboner et moderniser la production électrique de l’île, selon un cofinancement avec les collectivités.
Face aux « graves difficultés » rencontrées par les exploitants du nickel sur le « Caillou », l’Etat français négocie depuis plusieurs mois ce plan d’engagement tri-partite avec les collectivités et les industriels (Société Le Nickel, Prony Ressources et Koniambo Nickel, qui exploitent les mines et les usines métallurgiques locales).
Le but est d’essayer de retrouver les conditions d’une rentabilité de cette exploitation, et la survie d’un secteur vital pour l’économie de l’île: il représente la quasi-totalité de ses exportations et près du quart de l’emploi privé.
Chacune des trois parties prend des engagements pour assurer l’avenir de la filière mise en péril par des problèmes « d’accès à la ressource », de « coûts énergétiques et de main d’oeuvre très élevés », de « contrainte sur les exportations », et par une « pression de concurrence étrangère, en particulier indonésienne », a rappelé M. Le Maire.
Les trois mines et usines métallurgiques ont déjà reçu « plus de 700 millions d’euros d’aide » d’argent public depuis 2016, a souligné le ministre.
Mi-février, le géant minier suisse Glencore a annoncé l’arrêt du financement de l’usine du nord de l’île Koniambo Nickel (KNS), qui lui a coûté neuf milliards d’euros en un peu plus de 10 ans et a accumulé 13 milliards d’euros de dette.
M. Le Maire a repoussé toute idée de nationalisation, « une « illusion » qui « ne permettrait pas de garantir la rentabilité des usines ». Elles « doivent être rentables », a-t-il martelé, et « pour qu’elles soient rentables, elles doivent être contrôlées par des industriels ».
Selon le pacte, les industriels « doivent produire davantage » pour être au diapason de la concurrence internationale, a ajouté M. Le Maire. Les usines « ont besoin d’abaisser leur coût de production, notamment en utilisant de l’énergie « moins chère » et « d’avoir un accès sans entrave à la ressource minière », a-t-il dit.
En retour, les collectivités devront, si elles signent le pacte, réformer le code minier pour « améliorer l’accès à la ressource » avec « pour but d’autoriser les exportations de minerai brut » et « de faciliter l’octroi des autorisations d’exploitation », a dit M. Le Maire.
Si les loyalistes devraient majoritairement voter pour le texte, le parti non-indépendantiste Calédonie Ensemble (six élus) a fait savoir qu’il voterait non, son leader Philippe Gomès regrettant que « les actionnaires et les industriels ne sont tenus à aucun engagement » et qualifiant ceux demandés à la Nouvelle-Calédonie « d’abandon de souveraineté minière ».
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