Pas d’aires marines protégées en Antarctique

Huit mois après l’échec d’un rendez-vous sur le sujet en Australie, deux propositions visant à instituer d’immenses aires marines protégées (AMP) ont été discutées lundi et mardi par les membres (24 Etats et l’Union européenne) de la Convention sur la conservation de la faune et de la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR), un organisme chargé de gérer les ressources marines de la zone depuis 1982.

« Pour parvenir à un accord sur les deux propositions d’établissement d’AMP, il aurait fallu qu’ils (les pays membres) disposent de bien davantage de temps que celui de la réunion spéciale de deux jours », a dit mardi soir la Convention sur son site internet, précisant que les discussions « se poursuivront jusqu’à la réunion annuelle de la CCAMLR en octobre 2013 » où pourront avoir lieu de « nouveaux débats ».

La Convention n’a pas commenté directement la nature du blocage mais a pris soin de souligner que « la création d’AMP est un processus complexe impliquant un travail de recherche considérable, ainsi que des démarches diplomatiques internationales » .

Selon l’Alliance pour l’océan antarctique (AOA) – une coalition d’une trentaine d’ONG -, la Russie, avec le soutien de l’Ukraine, a empêché l’adoption de ces propositions par consensus en soulevant des questions juridiques sur le fait de savoir si cet organisme avait le droit d’instaurer ces aires.

La coalition d’ONG voit dans le blocage des propositions par la délégation russe « une extraordinaire occasion perdue » pour protéger la région.

Deux projets étaient sur la table: l’un concernant la création d’une aire marine protégée (AMP) dans la mer de Ross au sud-ouest de l’Antarctique, l’autre prévoyant un réseau de sept AMP sur la façade est de l’Antarctique. Le projet dans la mer de Ross est défendu par les Etats-Unis et la Nouvelle-Zélande et s’étendait sur 2,3 millions de km2. Le deuxième projet émane de l’Australie, l’Union européenne et la France et couvrait un total de 1,9 million de km2.

Les eaux de l’Océan austral autour de l’Antractique abritent des écosystèmes exceptionnels en bonne partie préservés des activités humaines mais désormais menacés par le développement de la pêche.

Cette zone abrite notamment des milliers d’espèces d’animaux, dont d’importantes populations d’oiseaux, de phoques, de baleines et de pingouins qui trouvent leur alimentation dans les eaux australes.

En octobre, lors de la réunion annuelle de la CCAMLR à Hobart (Australie), plusieurs pays s’étaient opposés aux projets d’aires marines par crainte de voir les possibilités de pêche trop fortement réduites. La réunion exceptionnelle en Allemagne avait alors été programmée pour tenter de lever ce blocage.

Andrea Kavanagh, responsable des projets antarctiques de l’ONG américaine Pew Environnement, estime désormais « impératif » que « les gouvernements renvoient leurs représentants à la table des négociations à Hobart dans trois mois pour trouver un consensus pour protéger la vie marine en Antarctique ».

La Convention a affirmé mardi que son histoire « montre que les décisions importantes traitant de questions complexes, telles que l’établissement d’AMP, nécessitent de longs débats approfondis », comme cela a pu être le cas dans le passé pour le suivi des navires par satellite ou les questions associées à la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.

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