Quotas de pêche 2017: les pêcheurs plutôt « satisfaits », les ONG critiques

« Globalement, on est satisfait », a déclaré à l’AFP Hubert Carré, directeur général du comité des pêches (CNPEM) à propos du texte concocté dans la nuit de mardi à mercredi par les 28 Etats membres de l’Union européenne.

« Le travail qui a été fait par les professionnels avec des scientifiques depuis des années commence à porter ses fruits, même si la Commission a des attitudes un peu paradoxales, sur sa proposition de la pêche du bar dans le golfe de Gascogne », a déclaré Hubert Carré.

Les ministres de la Pêche de l’Union européenne se sont accordés sur les captures de pêche autorisées en 2017 en Atlantique et mer du Nord, après deux jours de négociations, comme chaque année.

Le Rendement maximum durable (RMD), soit la limite de pêche qui permet le renouvellement des espèces, est le principe directeur qui guide les négociations sur les taux de capture dans les pêcheries européennes. Ce rendement s’appliquera à tous les stocks d’ici 2020.

L’accord prévoit que 44 stocks seront gérés selon le RMD en 2017, contre 36 l’an passé, et « la tendance positive concernant les stocks (gérés dans) des limites biologiques prudentes sera renforcée », avance le Conseil dans un communiqué.

« Notre effort pour des stocks sains de poisson commence à payer », s’est félicité le commissaire européen à la Pêche, Karmenu Vella.

Selon Hubert Carré, la Commission a finalement renoncé à « des restrictions draconiennes » sur la pêche du bar dans le golfe de Gascogne, où le stock « se porte plutôt bien ».

Les seuils de capture proposés aux Etats membres par la Commission ont en effet été révisés à la hausse pour le cabillaud et le bar, une position immédiatement dénoncée de nombreuses ONG.

« Les ministres de la Pêche des 28 ont, une année de plus, légiféré en faveur de la surpêche, lors d’un processus de négociations qui s’est tenu à huis clos », a déploré Eneko Aierbe, responsable de la pêche au sein de l’organisation espagnole Ecologistas en Acción.

Il donne notamment l’exemple de la morue du nord (Mer celtique et canal de la Manche) dont le quota de pêche recommandé était de 4.080 tonnes et a finalement été établi à 12.146 tonnes.

– Restrictions pour le bar en zone Nord –

« Les ministres doivent être plus ambitieux dans la sauvegarde des stocks européens », a estimé Liane Veitch, expert pour l’ONG ClientEarth, qui regroupe des avocats spécialisés dans la protection de l’environnement.

Pour Mme Veitch, une politique « court-termiste » risque de provoquer des « chocs brutaux » pour les pêcheurs, « alors que l’échéance pour atteindre des quotas durables n’est qu’à trois ans ».

« Toutes nos demandes n’ont pas pu être satisfaites », regrette Javier Garat, secrétaire général de la Cepesca (Confédération espagnole de la pêche), qui regroupe 1.600 bateaux et 20.000 marins.

Il se réjouit toutefois car « l’Espagne a obtenu 41.000 tonnes de poisson supplémentaires (d’autorisation de pêche) des principales espèces et notamment de l’élimination des restrictions sur la pêche au bar dans le golfe de Gascogne.

En revanche, pour ce qui est de la zone Nord, où il n’y avait jusqu’à présent « pas de limite », selon M. Carré, les chalutiers de fond ne pourront désormais pêcher au maximum qu’un total de 3% des captures par jour, dans la limite de 400 kg par mois.

Les fileyeurs, qui pratiquent une pêche artisanale, pourront bénéficier d’un plafond mensuel de capture de 250 kg, a indiqué le secrétaire d’Etat en charge de la pêche Alain Vidalies.

« Le stock Nord est très, très mal, car il ne se reproduit pas, et on ne sait pas pourquoi. Ça fait trois ans qu’il ne s’est pas reproduit, on ne sait pas si c’est une question de pollution, une question climatique », a déclaré Hubert Carré.

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