SNCM: dernière réunion de médiation avant un probable redressement judiciaire

Le lancement d’une procédure de redressement de la compagnie maritime, demandée par les deux actionnaires principaux de la SNCM – Transdev et l’Etat – mais rejeté par les syndicats, doit permettre de « sauver un maximum d’emplois, grâce au maintien de la délégation de service public (DSP) dans la transmission au repreneur », a déclaré Alain Vidalies devant les députés.

La troisième et ultime réunion de conciliation qui a débuté en début d’après-midi à la préfecture des Bouches-du-Rhône, autour du médiateur Gilles Bélier, s’inscrit dans le processus de médiation qui avait permis, en juillet, de mettre fin à la grève de 17 jours qui avait paralysé le trafic de la Société nationale Corse-Méditerranée entre la Corse et le continent.

« Pour qu’il s’agisse de la dernière réunion, il faudrait que le gouvernement apporte les réponses qu’on attend depuis le début », a cependant souligné avant la rencontre Frédéric Alpozzo, représentant CGT des marins, regrettant au passage l’absence d’Alain Vidalies.

« Si l’Etat provoque le redressement judiciaire et une faillite organisée de la SNCM, il n’y aura pas besoin d’organisations syndicales pour que les salariés se mobilisent. Si l’Etat continue sa marche en avant pour cautionner la démarche des patrons voyous, il récoltera ce qu’il a semé », a-t-il également averti.

Transdev (coentreprise de Veolia et de la Caisse des Dépôts), qui détient 66% du capital de la compagnie maritime, contre 25% à l’Etat et 9% aux salariés, s’était engagé à ne pas saisir le tribunal de commerce avant la fin de la médiation, le 31 octobre.

Mais les actionnaires et la direction maintiennent que le placement en redressement judiciaire est la seule solution pour éponger son passif financier (14 millions d’euros de perte en 2012) et s’affranchir des condamnations de Bruxelles.

Début septembre, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a en effet confirmé la condamnation de la SNCM à rembourser 200 millions d’euros d’aides de l’État jugées illégales. Et la compagnie maritime reste en outre toujours sous la menace d’une obligation de rembourser également 220 millions d’euros reçus de l’État au titre de la délégation de service public pour la période 2007-2013.

« Les discussions avec la Commission (européenne) sont engagées depuis plusieurs semaines (…) mais rien n’est acquis à ce jour », a encore commenté le secrétaire d’Etat à l’Assemblée Nationale.

Pour lui, « personne ne peut s’exonérer de cette réalité et de celle, tout aussi incontournable, d’une entreprise qui a connu neuf exercices déficitaires sur les dix dernières années ».

– Une trésorerie vide fin 2014 –

Les actionnaires assurent que seul le recours au tribunal de commerce permettrait de sauver la compagnie d’une liquidation pure et simple, et attirer les potentiels candidats à une reprise des actifs de la société, dont la société américaine Baja Ferries.

Transdev pourrait ainsi demander à la SNCM le remboursement de ses créances dès les premiers jours de novembre, afin de provoquer ce placement en redressement judiciaire.

Une source proche de Transdev avait indiqué, début octobre, que « la trésorerie de la SNCM permet à peine de passer la fin de l’année ».

Contacté par l’AFP, l’actionnaire majoritaire Transdev a indiqué qu’il ne souhaite pas s’exprimer publiquement à la veille de la réunion.

La direction de la SNCM a également opté pour cette solution. En ouvrant il y a quelques jours les réservations pour 2015, elle a assuré que « la probable discontinuité juridique ne signifie pas la fin des activités ».

Mais l’analyse est vigoureusement contestée par les syndicats, qui estiment qu’une telle opération ne les prémunira pas contre des condamnations européennes mais permettra en revanche aux actionnaires de faire un plan social à moindre frais.

La CGT voit dans le contentieux européen un « prétexte » de la direction qui a présenté, début octobre, un « schéma d’exploitation », avec un effectif de 800 à 1.000 emplois, contre près de 2.000 actuellement « et aucune garantie pour le personnel restant ».

Pour la CFE-CGC, le redressement judiciaire est une « hérésie commerciale ». La CGT pronostique « une faillite et un démantèlement organisés par l’actionnaire et par l’Etat au profit de Corsica Ferries », concurrent de la SNCM.

Pour les syndicats, ce passage au tribunal risquerait par ailleurs de faire perdre à la SNCM la délégation de service public vers la Corse, un marché de plus de 600 millions d’euros qui lui a été attribué jusqu’en 2022.

bbm-jul-mdm-rl/fpo/pb

VEOLIA ENVIRONNEMENT

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