Vives réactions russes à la déclaration du ministre français des affaires étrangères laissant envisager une annulation de la vente de deux BPC à la Russie

« Si Paris refusait de terminer la construction de deux porte-hélicoptères pour la marine russe, ce serait un bienfait pour notre industrie navale, estime l’ex-amiral de la flotte de la mer Noire Vladimir Komoedov, présidant la commission pour la Défense au parlement russe.  (…) « Il faudra remercier les Français s’ils renonçaient au contrat Mistral. Nous pouvons construire nous-mêmes de telles « boîtes de conserve ». Nos projets de navires de cette classe sont largement plus performants et mieux armés« . Vladimir Komoedov a souligné que beaucoup de marins russes s’opposaient à la construction de tels navires en France. « Nous nous opposions catégoriquement à la signature d’un tel contrat. Si les Français y renonçaient, ce serait un bienfait pour la Russie« , a-t-il déclaré.

Une source du Groupe unifié de construction navale russe (OSK) remarque également que si la France renonçait à remplir ce contrat elle risquerait de subir de sérieuses sanctions de pénalité (…).

Après avoir consulté toute la documentation fournie par les Français, les spécialistes russes en ont conclu que la construction de tels navires sur les chantiers navals russes n’était pas complexe et même moins coûteuse. « Compte tenu du coût élevé de fabrication du navire en France, nous aurions pu construire 5 ou 6 navires de cette classe pour cette somme (1,2 milliard d’euros)« , précise la même source, rappelant que le prix de catalogue de tels navires sur le marché mondial était de 250 millions d’euros.

Anatoli Tsyganok, directeur du Centre de pronostic militaire, pense que cette décision ne ferait du tort qu’aux Français. « Qu’ils nuisent à eux-mêmes ! La Russie a payé ces Mistrals presque le double de leur prix. L’achat de ces navires était uniquement une décision politique. Je pense que cela serait néfaste pour eux« , a-t-il déclaré à RIA Novosti. D’après lui, la Russie n’a pas besoin des Mistrals « parce qu’ils sont destinés à faire débarquer l’infanterie à la manière « otanienne », alors que la Russie utilise une technique de débarquement complètement différente. Je pense qu’il serait plus avantageux de commander des porte-hélicoptères dans les usines russes« , a-t-il ajouté.

Igor Korotchenko, membre du conseil social auprès du ministère russe de la Défense, a souligné que si Paris renonçait à ce contrat, la Russie serait débarrassée de la maintenance coûteuse de tels navires. « La Russie n’aura pas à acheter pendant 30 ans des pièces de rechange en France. En même temps, les Français devront rembourser l’argent et trouver un autre pays pour acheter les navires construits pour les besoins de la Russie« .

Igor Korotchenko a également rappelé que la décision d’acheter ces Mistrals avait été prise par l’ancien ministre de la Défense, Anatoli Serdioukov, sans justifications tactiques ni techniques suffisantes.

Pour le général Evgueni Boujinski, ex-responsable de la direction des accords internationaux auprès du ministère de la Défense : « Certains marins disent qu’ils sont nécessaires. Quand Vyssotski (ancien chef de la marine) a initié ce projet, il disait qu’on en avait besoin. Quel est le point de vue de Tchirkov (commandant de la marine) aujourd’hui ? Je l’ignore. Certains disent que nous n’avons pas besoin de Mistrals, qui plus est dans la flotte du Pacifique. D’autres disent que la Russie doit revenir dans la zone océanique. A ce que je sache, les avis sont partagés concernant les Mistrals au sein de la marine russe« .

(…)

Source : http://fr.ria.ru/world/20140318/200752504.html

 

Marine & Oceans
Marine & Oceans
La revue trimestrielle MARINE & OCÉANS est éditée par la "Société Nouvelle des Éditions Marine et Océans". Elle a pour objectif de sensibiliser le grand public aux principaux enjeux géopolitiques, économiques et environnementaux des mers et des océans. Informer et expliquer sont les maîtres mots des contenus proposés destinés à favoriser la compréhension d’un milieu fragile.   Même si plus de 90% des échanges se font par voies maritimes, les mers et les océans ne sont pas dédiés qu'aux échanges. Les ressources qu'ils recèlent sont à l'origine de nouvelles ambitions et, peut-être demain, de nouvelles confrontations.

Voir les autres articles de la catégorie

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.

5 MOIS EN ANTARCTIQUE