Chronique navale du 10 février

10 février 1906 : lancement du HMS Dreadnought qui donne son nom à un type de navire armé de plusieurs canons d’un seul gros calibre et propulsé par une turbine à vapeur.

Le sixième HMS Dreadnought, de la Royal Navy, fut en 1906 le prototype du cuirassé dit « monocalibre ». Il eut une telle influence que son nom, un dreadnought, devint le synonyme du cuirassé moderne. Il a été le premier grand bateau propulsé par des turbines à vapeur. Son apparition rendit désuets tous les bâtiments existants et, à l’approche de la Première Guerre mondiale, il déclencha une course aux armements navals.

Le concept était relativement simple et avait été envisagé depuis quelques années par beaucoup de marines. Il consistait à profiter de la vitesse de 21 nœuds, obtenue grâce au remplacement des machines à vapeur à triple expansion par des turbines, qui rendait l’attaque du navire plus difficile en particulier pour les petits torpilleurs, pour se débarrasser de l’artillerie secondaire qui était censée les combattre. Le gain de place et de masse ainsi créé était alors réinvesti dans un accroissement de l’artillerie principale.

Le Dreadnought avait donc cinq tourelles, chacune avec deux canons de 305 mm (12 inch : 12 pouces) de diamètre et 45 calibres de long. Trois d’entre elles étaient de façon très conventionnelle placées dans l’axe du navire, une à l’avant et deux à l’arrière, les deux autres étaient placées de part et d’autre de la superstructure, en arrière de la tourelle avant. Cette disposition fut par la suite considérée comme assez inefficace, car elle limitait dans tous les cas le nombre maximal de pièces utilisables sur un unique objectif à huit, et la tendance sur ses successeurs était de placer les tourelles toutes dans l’axe, ce qui fut facilité par l’apparition de la superposition des tourelles qui avait été écartée sur le Dreadnought, par crainte d’une destruction simultanée. Vingt-sept canons de 76 mm à tir rapide étaient en outre montés, mais dans un rôle de défense rapprochée contre les petites unités.

Ce cuirassé pouvait donc engager huit pièces du plus lourd calibre, alors que ses prédécesseurs n’en avaient que quatre à lui opposer. Ajouté au fait que sa vitesse supérieure lui permettait de rester hors de portée de la nombreuse artillerie secondaire de ceux-ci et lui permettait aussi de rompre le combat à sa convenance, le Dreadnought était potentiellement supérieur à deux de ses aînés. Comme évoqué précédemment, la réduction des types de canons à un seul modèle uniforme simplifiait grandement l’usage de ceux-ci. Ils pouvaient être pointés par une direction de tir centralisée et mis à feu électriquement tous en même temps. Ce tir de salve autorisait une technique de visée par encadrement beaucoup plus simple et efficace qu’avec des pièces diverses, les gerbes provoquées par les coups manqués ne pouvant provenir que d’un type d’obus ; leur groupement facilitait encore leur observation, associé à l’emploi d’un télémètre optique par coïncidence. On pouvait alors trouver la distance beaucoup plus rapidement qu’auparavant, dans le début d’un engagement.

D’autres innovations avait aussi été introduites sur ce navire. On avait supprimé les couloirs longitudinaux qui couraient à travers les compartiments étanches, sous le pont principal. Ces passages, au combat, étaient obstrués par la fermeture des portes étanches mais, en temps normal, lors de collisions ou autre accidents de mer, ils pouvaient se révéler fatals à la survie du bâtiment.

Autre nouveauté de taille pour la Royal Navy, le déplacement des logements des officiers, traditionnellement situés à l’arrière du navire, comme aux temps de la voile, vers l’avant sous la passerelle. L’espace à l’arrière ainsi libéré fut réutilisé par les chauffeurs et les mécaniciens qui se rapprochaient ainsi eux aussi de leur poste de travail.

Source : WIKIPEDIA

Marine & Oceans
Marine & Oceans
La revue trimestrielle MARINE & OCÉANS est éditée par la "Société Nouvelle des Éditions Marine et Océans". Elle a pour objectif de sensibiliser le grand public aux principaux enjeux géopolitiques, économiques et environnementaux des mers et des océans. Informer et expliquer sont les maîtres mots des contenus proposés destinés à favoriser la compréhension d’un milieu fragile.   Même si plus de 90% des échanges se font par voies maritimes, les mers et les océans ne sont pas dédiés qu'aux échanges. Les ressources qu'ils recèlent sont à l'origine de nouvelles ambitions et, peut-être demain, de nouvelles confrontations.

Voir les autres articles de la catégorie

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.

5 MOIS EN ANTARCTIQUE