Mercredi 13 septembre 2023. Pour sa 16e édition, la Monaco Classic Week-La Belle Classe réunit à nouveau les plus beaux fleurons du yachting classique qu’ils soient à voile ou à moteur. Créé en 1994, cette biennale a pour particularité de faire la lumière sur les unités d’époque encore navigantes.
Ce sont plus de 130 unités invitées par le Y.C.M. qui font ce jour leur entrée dans le port Hercule pour s’amarrer dans le YCM Marina, dont une quarantaine de voiliers de tradition, une dizaine de motor-yachts d’époque, une soixantaine de canots automobiles anciens sans oublier une vingtaine de Dinghies 12’.
En guise de mise en bouche, Tuiga, le vaisseau amiral du Yacht Club de Monaco, retrouvera les deux autres 15 M JI The Lady Anne et Mariska, pour une régate inaugurale ; tandis que le Jury présidé par Sir Robin Knox-Johnston débutera son inspection pour le Prix de la Restauration. Son objectif est de s’assurer que ces bateaux puissent traverser le temps, fidèlement au plan d’origine. Les armateurs et leurs équipages rencontreront ce soir les membres du Y.C.M. à l’occasion d’une soirée d’ouverture afin de partager ensemble « L’Art de Vivre la Mer », philosophie du rendez-vous.
Les goélettes refont l’histoire…
Les plus beaux voiliers, signés par de grands architectes navals du siècle dernier, à l’instar de l’américain Nathanael G. Herreshoff, qui révolutionna la conception des yachts, en concevant et produisant une succession de bateaux invaincus à la Coupe de l’America seront à l’honneur, avec la présence d’Atlantic (56,43 m) ou encore de Elena of London (41.60 m). A leurs côtés, Creole, la goélette à trois-mâts de 1927, considérée comme le chef-d’œuvre de Charles Nicholson.
Derrière chaque bateau se cache une histoire d’exception comme celle qui a bâti la réputation de O’Remington (23,20 m). Lancée en 1946 sous le nom de Maria del Mar, cette goélette a été la propriété de Lord Remington, un riche héritier américain. Federico Fellini, Luchino Visconti, Marcello Mastroianni ont pris place à bord et quatre Palmes d’or du festival international de Cannes y ont séjourné, attribuant au voilier le titre de porte bonheur du cinéma italien. A la demande de Maria Callas, Lord Remington a par la suite mis le cap vers Athènes ou il y a rencontré le célèbre armateur grec, Aristote Onassis. Lors de ses séjours en Italie, La diva répète à bord. Gravé dans la mémoire collective italienne, le bateau sera surnommé « La Divina ».
Si le destin de certaines tiennent du conte de fée, pour d’autres, l’histoire a connu un tournant moins glamour à l’image de Naéma (40,59 m). Cette fidèle réplique de Panda d’Alfred Mylne est sortie du chantier Camper & Nicholson en 1938. Offert au roi d’Anam (Vietnam) Bao Dai par le gouvernement français, le voilier aurait ensuite trouvé refuge à Toulon en 1954. Vendu à l’américain Bill Bodle en 1979, Panda partira ensuite aux Antilles. En 1983, un incendie se déclare à bord le laissant pratiquement totalement détruit. Ses plans originaux serviront à la construction en Turquie de Naema.
Exposition du Prince Rainier III : retour sur des unités d’exception
A l’occasion de la célébration des 100 de la naissance du Prince Rainier III, fondateur du Yacht Club de Monaco en 1953, est organisée durant la Monaco Classic Week, une exposition exclusive qui reviendra sur les plus belles unités ayant appartenu à ce passionné de navigation. Intitulée « Le Prince et la Mer », cette rétrospective ouverte au public (jusqu’à samedi 16 septembre), revient sur la quinzaine de bateaux ayant composé la formidable collection du Prince Rainier, qui a ainsi insufflé une nouvelle dynamique au yachting d’après-guerre.
Des unités hautement symboliques
Une dizaine de motor-yachts d’époque viendront sillonner la baie monégasque. Synonymes de raffinement et de plaisir de la navigation, ils étaient conçus à la pointe de la technologie de l’époque, avec une attention méticuleuse portée aux détails. Parmi les nouveaux venus, Thelas construit en 1936 par De Vries Lentsch d’après les dessins de l’Architect Norman Hart. D’une longueur de 18 mètres. Thelas a gagné la première édition du Pavillon d’Or en 1937, premier concours inaugural destiné aux yachts de croisière. Réquisitionné en 1944 par l’Amirauté britannique, il a participé au débarquement de Normandie. Il est désormais la propriété de l’architecte Corrado Lopresto, connu pour être le plus grand collectionneur italien de voitures anciennes. Thelas est aujourd’hui le bateau officiel du CIM (Comité International de la Méditerranée). Fondé en 1926 par un groupe de yachtsmen, le CIM poursuit les objectifs de ses fondateurs : organiser des régates de haute mer afin de promouvoir et renforcer l’identité du yachting méditerranéen.
La tradition perdure avec la présence de + 60 canots automobiles anciens
Dans le sillage des premiers meetings de canots automobiles de 1904, une soixantaine de canots automobiles sera réunie dont trois datant du début du 20e siècle. A leurs côtés, une flotte exceptionnelle d’une trentaine de Riva, runabouts en bois acajou des années 50, emblèmes méditerranéens, qui ont marqué de leurs vernis et de leurs chromes toute une génération. Carlo Riva, leur génial créateur, ne s’était pas trompé quand il avait installé à Monaco le siège social de son entreprise et obtenu du Prince Rainier le droit de creuser une galerie souterraine, à l’intérieur même du tunnel par lequel leurs ancêtres étaient acheminés vers le port depuis la gare. Il la destinait à l’entretien et à l’hivernage de ces « stradivarius » de la mer, qui font aujourd’hui encore référence en matière de beauté et d’excellence.
Source : Yacht Club Monaco.
Crédits photos : Francesco Ferri/DR.