Vendée Globe, avarie de foil sur Hugo Boss

Alex Thomson explique : « Après une nuit assez rapide avec des moyennes élevées et une navigation peu confortable, j’avais rétracté le foil de 30% tôt ce matin et je restais assez conservateur dans la brise forcissante. A 10h35, j’étais à l’intérieur en train d’essayer de me reposer. Le bateau avançait dans 22 nœuds de vent sous J2 et j’avais un ris dans la grand-voile. Je faisais des moyennes de 24 noeuds quand j’ai entendu un gros bruit. Le bateau s’est arrêté net et a viré à tribord d’une vingtaine de degrés. Je me suis précipité sur le pont, j’ai choqué l’écoute et j’ai vite compris que j’avais heurté quelque chose. J’ai choqué, laissé le bateau avancer au portant et je suis allé regarder ce qui se passait. Le foil tribord a été endommagé et il y a des éraflures sur le flanc tribord du bateau. J’ai levé le pied pour le moment. J’ai changé de voilure et j’ai rétracté le foil. Je resterai comme cela jusqu’à ce que le vent et la mer se calment un peu pour me permettre d’inspecter et évaluer les dégâts. Je n’ai rien vu à l’eau, mais j’ai l’impression que le foil est assez touché. J’ai contrôlé l’intérieur du bateau et il n’y a pas de dégâts structurels visibles. Je vais continuer et ferai une évaluation dès que possible. »

Un train à prendre…  

Malgré son avarie de foil, Alex Thomson reste aux commandes de la flotte, suivi d’Armel Le Cléac’h et Sébastien Josse. « Il y a un train à prendre donc je fais en sorte de ne pas le manquer. » Joint cet après-midi en vacation, Vincent Riou (4e) résumait parfaitement la situation dans laquelle se trouvent les poursuivants d’Alex Thomson. Armel Le Cléac’h, Sébastien Josse, Vincent Riou, Morgan Lagravière, Paul Meilhat et Jérémie Beyou filent à plus de 20 nœuds. Evidemment, à ces vitesses, la navigation devient stressante, accéder au sommeil devient très compliqué dans ces « boîtes » en carbone qui tapent dans un vacarme assourdissant. Mais les marins ne vont pas se plaindre d’aligner des journées à près de 500 milles.

La grande glissade vers Bonne Espérance va se poursuivre dans un flux de secteur Nord qui va monter à 25-30 nœuds. L’angle d’attaque est clairement favorable aux foilers. Vincent Riou et Paul Meilhat, respectivement 4e et 6e, poussent leurs machines mais ne peuvent suivre le rythme effréné imposé par le trio de tête. Actuellement 5e, Morgan Lagravière a pris l’ascendant sur Meilhat et revient fort sur Riou. Paul Meilhat croit toutefois en ses chances de recoller à moyen terme : « La zone d’exclusion antarctique est très Nord. On risque d’avoir des extensions d’anticyclone, qu’on appelle des dorsales, qui vont un peu bloquer la route. Le mieux serait que les premiers buttent dans l’une de ces dorsales et qu’on puisse recoller. »
Si les sept premiers devraient bénéficier d’un bon scénario, ce ne sera peut-être pas le cas des poursuivants. Une grande langue de petits airs devrait s’installer pour plusieurs jours et ce sera beaucoup plus compliqué. Dès dimanche midi, une bulle anticyclonique se forme dans la baie de Rio de Janeiro en se décalant vers le Nord-Est, pile sur la route… La césure pourrait se faire au niveau de Yann Eliès, à moins que le skipper de Quéguiner-Leucémie Espoir parvienne à passer entre les mailles du filet. Pour tous les autres, l’Atlantique Sud s’annonce complexe.
Ce soir, on note qu’il n’y a plus que six concurrents dans l’hémisphère Nord : Pieter Heerema (No Way Back), Alan Roura (La Fabrique), Enda O’Coineen (Kilcullent Voyager-Team Ireland), Sébastien Destremau (TechnoFirst-faceOcean), Didac Costa (One Planet One Ocean) et Tanguy de Lamotte (Initiatives-Cœur) qui ramène son bateau aux Sables d’Olonne et reste en course

Marine & Oceans
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La revue trimestrielle MARINE & OCÉANS est éditée par la "Société Nouvelle des Éditions Marine et Océans". Elle a pour objectif de sensibiliser le grand public aux principaux enjeux géopolitiques, économiques et environnementaux des mers et des océans. Informer et expliquer sont les maîtres mots des contenus proposés destinés à favoriser la compréhension d’un milieu fragile.   Même si plus de 90% des échanges se font par voies maritimes, les mers et les océans ne sont pas dédiés qu'aux échanges. Les ressources qu'ils recèlent sont à l'origine de nouvelles ambitions et, peut-être demain, de nouvelles confrontations.

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