Les autorités françaises qui surveillent la côte ont alerté leurs homologues anglais en voyant un bateau de pêche emprunter une route « bizarre » lundi soir, par mer calme, a précisé à l’AFP la porte-parole de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, Ingrid Parrot. Selon elle, 17 personnes étaient à bord.
Le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez a appelé vers 01h00 le Maritime rescue coordination centre (MRCC) de Douvres et le propriétaire, qui s’est rendu compte que son navire, long d’une dizaine de mètres, avait été volé dans le port de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).
Selon le parquet de Boulogne-sur-Mer, les autorités anglaises ont intercepté le navire au large de Douvres vers 02h00 et l’ont escorté jusqu’à terre, où les occupants ont été interpellés. Environ 30 kilomètres séparent le cap Gris-Nez des côtes anglaises.
« Le moteur a été forcé pour être démarré, ce qui prouve qu’il a bien été volé », a déclaré à l’AFP le procureur de la République Pascal Marconville, selon qui il n’y avait « a priori » pas de membres d’équipage parmi eux et écarte « a priori » toute complicité.
« On est plus sur une logique de réseau qui s’est procuré par le vol un bateau et a organisé ce passage de la Manche », a-t-il ajouté. « Ils sont sortis sans l’autorisation de la capitainerie, (…) il a pu échapper à leur vigilance ».
Selon une source proche des secours, il s’agit d’un trémailleur long d’une douzaine de mètres. Le bateau aurait quitté le port vers 21h00.
Le propriétaire du bateau a déposé plainte et une enquête pour vol a été ouverte, confiée à la Police aux frontières (PAF), pour retracer le parcours du bateau et comprendre ce qui s’est passé.
« On est sur un mode opératoire inédit, jusqu’à présent il s’agissait d’embarcations de fortune », a souligné Mme Parrot, soulignant « l’action au long cours de coopération avec les autorités anglaises » de lutte contre l’immigration clandestine.
« On a déjà eu des vols de bateaux et pas de cette taille-là », a confirmé M. Marconville. « Il va falloir être vigilants sur leur surveillance. »
Selon la préfecture maritime, il y a eu 23 secours portés à des migrants en mer dans cette zone en 2016, 12 en 2017. En 2018, 23 opérations ont déjà eu lieu, comprenant à la fois des secours et des interpellations au moment où les migrants s’apprêtaient à partir.
