Les grandes lignes de cette stratégie ont été publiées mardi dernier. Le plan d’action 2021-2023 vient préciser comment elle sera appliquée.
Elle vise notamment la protection dès 2022 d’au moins 30% des terres et mers françaises, via une multitude d’outils possibles: parcs nationaux, régionaux, Natura 2000, conservatoire du littoral…
Ce plan confirme d’ici 2022 la création de quatre nouveaux parcs naturels régionaux: Picardie maritime-Baie de Somme, Mont Ventoux (créés en 2020), Corbières-Fenouillèdes et Doubs Horloger.
Il prévoit aussi d’ici 2022 d' »étendre la réserve naturelle des terres australes françaises sur l’ensemble des eaux marines de Crozet, Kerguelen et Saint-Paul et Amsterdam », de « transformer le parc naturel marin des Glorieuses (océan indien) en réserve naturelle nationale » et de « compléter le réseau d’aires protégées dans les (îles) Eparses » (océan indien).
Quelque 10% du territoire seront en « protection forte », contre 1,8% aujourd’hui, c’est-à-dire des zones où « les pressions engendrées par les activités humaines susceptibles de compromettre la conservation des enjeux écologiques de cet espace sont supprimées ou significativement limitées, et ce de manière pérenne ».
Pour atteindre cet objectif, le gouvernement compte sur l’extension ou la création de 20 réserves naturelles nationales, « notamment la réserve naturelle nationale des Glorieuses et celle des forêts des monts et crêtes de Mayotte », des aires de protection forte dans les îles Glorieuses et les Eparses, 250.000 hectares de forêt protégés, « dont 180.000 hectares en Guyane (par la création de 2 réserves biologiques) et 70.000 hectares en métropole ».
Il mise aussi sur l’extension du domaine protégé du conservatoire du littoral (6.000 hectares), veut « renforcer la protection des habitats naturels menacés de Guyane » ou encore « protéger 75% des récifs coralliens en outre-mer ».
« Nous avons au niveau national de gros moyens budgétaires », 10 millions d’euros dans le projet de loi de finances et 60 millions dans le plan de relance pour les aires protégées, a fait valoir la secrétaire d’Etat à la biodiversité Bérangère Abba lors d’un déplacement dans les Yvelines.
Jean-David Abel, vice-président de France Nature Environnement (FNE), salue « un outil très précis, complet et ambitieux, on va prioritairement aux écosystèmes qui en ont besoin ». En revanche, il se montre dubitatif sur les moyens financiers et humains, rappelant l’engagement du président Emmanuel Macron à renforcer les moyens humains des opérateurs publics concernés, avec l’aide du service civique. « On est dans des hypothèses quant au financement », estime-t-il.
Scientifiques et ONG sont particulièrement attentifs aux zones où sont implantées les aires protégées, pour qu’elles protègent bien les écosystèmes les plus fragiles, et au niveau de protection appliqué.
Concernant les aires marines protégées, « on va faire surtout de la protection en outre-mer. En métropole on est moins précis », relève Jean-David Abel, alors que les enjeux sont importants en Atlantique et en Méditerranée.
Selon une étude du CRNS, pour ces aires marines protégées, l’objectif de 30% de protection est atteint, mais « seul 1,6% de l’espace maritime français bénéficie d’un statut de protection intégrale ou haute ». « 80% de cette protection haute ou intégrale est concentrée dans un territoire, les terres australes et antarctiques françaises », un chiffre qui grimpe à plus de 97% avec la Nouvelle Calédonie.