« Il s’agit de l’annonce d’une sanction d’un navire russe. Nous prenons acte de l’annonce avec regret », a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère, confirmant une information du quotidien économique allemand Handelsblatt selon lequel Washington va officialiser cette décision mardi.
L’administration de Donald Trump avait multiplié ces derniers mois les menaces à l’encontre des entreprises participant à ce chantier stratégique financé à moitié par le géant pétrolier russe Gazprom et à moitié par des sociétés européennes.
Washington avait renforcé l’été dernier le dispositif ouvrant la voie à des sanctions, sans toutefois les mettre en oeuvre.
Selon le Handelsblatt, les Etats-Unis ont informé l’Allemagne et plusieurs pays européens qu’ils allaient sévir contre le navire poseur de pipelines « Fortuna », propriété de la société russe KVT-RUS.
L’officialisation de cette décision prévue mardi interviendra à la veille de la fin de présidence de Donald Trump et de la prise de fonctions de Joe Biden.
Le « Fortuna » avait mené en décembre la reprise du chantier, interrompu depuis un an, en posant une courte section de 2,6 kilomètres de canalisation dans les eaux allemandes.
Ce bateau est désormais attendu dans les eaux danoises mais les opérations prévues pour mi-janvier ont été repoussées à une date inconnue pour permettre une phase de « tests et de travaux préparatoires », selon la société Nord Stream 2.
Nord Stream 2, dont la mise en service était initialement prévue début 2020, est un gazoduc censé doubler les capacités de livraison de gaz russe de son aîné Nord Stream 1 et garantir la sécurité des approvisionnements de l’Europe occidentale via la mer Baltique.
Mais il est vu d’un mauvais oeil par les Etats-Unis et des pays européens, comme la Pologne, qui craignent la dépendance des Européens au gaz russe, que Moscou pourrait utiliser pour exercer des pressions politiques.
Le projet associe principalement le géant russe Gazprom à cinq groupes européens: le français Engie, les allemands Uniper et Wintershall, l’autrichien OMV et l’anglo-néerlandais Shell.
Bien que ses 1.230 kilomètres soient quasiment terminés, le chantier avait été suspendu pendant près d’un an en raison des sanctions américaines.
Début janvier, le groupe norvégien DNV GL, entreprise de classification et certification, avait annoncé son retrait du projet pour ne pas tomber sous le coup d’éventuelles mesures de Washington.
Dénoncées par l’UE, Berlin et Moscou, les sanctions comprennent le gel des avoirs et la révocation des visas américains pour les entrepreneurs liés au gazoduc.
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