La France, l’Europe et la Mer

A l’heure où les nouveaux équilibres mondiaux se mettent en place, à l’heure où les mers et les océans redeviennent un terrain d’affrontements, qu’ils soient économiques ou stratégiques, l’Europe doit pleinement se saisir de son espace maritime. Elle doit mettre au cœur de ses projets « la croissance bleue ».  

Le travail a déjà commencé et il faut le saluer. En effet, en mai dernier, la Commission a présenté sa nouvelle approche en faveur d’une économie bleue durable. Dans une communication spécifique, elle développe un programme détaillé pour que l’économie bleue puisse « jouer un rôle majeur dans la réalisation des objectifs du Pacte vert pour l’Europe ».

Le 1er janvier 2022, la France a pris la présidence de l’Europe. Après le Brexit, notre pays est aujourd’hui le plus grand pays maritime européen. La présidence française de l’Union européenne (PFUE) doit donc se teinter d’une forte dominante bleu océan.

Depuis 2017, force est de constater que sous l’impulsion du Président de la République, Emmanuel Macron, la prise en considération des atouts maritimes de notre pays est de plus en plus présente. Pour ne citer que les évènements les plus marquants, rappelons ses interventions remarquées aux Assises de l’économie de la mer à Montpellier et tout récemment encore à Nice, et la décision prise, à Marseille, en septembre dernier, lors du congrès de l’UICN (1), de l’organisation du « One Ocean Summit » à Brest les 9, 10 et 11 février 2022. Sur le plan institutionnel, il faut également saluer la (re) création du Ministère de la Mer pour lequel plusieurs acteurs des clusters maritimes européens m’ont confié être un peu envieux.

Au cours des six mois de la présidence française de l’Union européenne, outre le « One Ocean Summit » et la Conférence sociale européenne sur le maritime (à La Rochelle), plusieurs évènements seront ainsi organisés, à l’instar de l’initiative The Arch qui apportera sa contribution à la transition écologique en Europe.

Comment ne pas souligner enfin l’importance de nos outre-mer, cet atout précieux que la France apporte à l’Europe lui permettant d’avoir un pied dans le grand jeu de l’océan mondial. Rappelons que la France d’outre-mer, c’est douze territoires — la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique, La Réunion, Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon, les Terres Australes et Antarctiques Françaises et les îles de Wallis-et-Futuna — soit un immense domaine maritime et près de 2,6 millions d’habitants dont 1,2 millions de jeunes (2).

A la fin du XVIe siècle, Sir Walter Raleigh affirmait « Qui tient la mer tient le commerce du monde, qui tient le commerce tient la richesse, qui tient la richesse du monde tient le monde lui-même. »

Plus de 500 ans après, l’Europe, guidée par la France sur ses routes maritimes, devra s’en souvenir et l’inscrire à son fronton.


  1. Union internationale pour la conservation de la nature. uicn.fr
  2. Source Ministère des Outre-Mer. www.outre-mer.gouv.fr

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