Deux ans après le naufrage, le commandant du Concordia est remonté à bord

Assailli par les journalistes et les caméramen, le capitaine, lunettes noires et blouson de cuir, s’est très difficilement frayé un chemin sur le quai étroit de la petite île toscane, a constaté une journaliste de l’AFP.

Après avoir endossé casque et gilet de sauvetage, il est monté sur une petite vedette des gardes-côtes qui l’a conduit, avec les experts, jusqu’à l’épave rouillée qui se dresse à seulement quelques dizaines de mètres du port.

Arrivé mardi soir au Giglio pour éviter « l’agression médiatique », le capitaine s’était réfugié loin des regards dans une petite maison blanche sur les hauteurs du port avec son avocat.

Francesco Schettino est poursuivi pour homicides multiples par imprudence, abandon de navire et dégâts causés à l’environnement.

Dans des propos rapportés par les médias italiens, le commandant, que certains surnomment « le capitaine poltron », a démenti avoir pleuré en voyant l’épave du paquebot. « On veut me faire passer pour un faible, comme il y a deux ans. Mais je ne suis pas comme ça. Je veux montrer que je suis un gentilhomme, pas un trouillard ».

Lors du naufrage, la nuit du 13 janvier 2012, un officiel de la capitainerie du port de Livourne (centre) avait intimé l’ordre à Schettino de remonter sur son navire qu’il avait quitté alors que les secours de nombreux passagers étaient en cours. « Remonte à bord, putain! » s’était exclamé le capitaine Gregorio de Falco, dans une conversation dont l’enregistrement avait été repris dans le monde entier.

Schettino affirme pour sa part être tombé dans une chaloupe et être resté sur le quai pour « coordonner les secours ».

« Ce qui a le plus marqué l’île, c’est quand justement Schettino est descendu du bateau la nuit de l’accident », commente pour l’AFP le maire du Giglio Sergio Ortelli. « Nous, plus que les deux jours de sa présence sur l’île, ce qui nous intéresse ce sont les deux années d’opérations de sauvetage du navire, qui nous l’espérons, se termineront au plus vite, avec une prévision d’enlèvement fin juin », ajoute le maire. « Cette île veut retrouver sa vie normale, le tourisme ».

Le responsable de l’extraordinaire opération de redressement de l’épave menée en septembre, Nick Sloane, également sur l’île jeudi, a confirmé que « l’objectif » pour enlever l’énorme mastodonte est « toujours fin juin, si les conditions météorologiques le permettent ».

Jeudi, les experts doivent examiner le générateur de secours du navire -qui, selon la défense, n’a pas fonctionné le soir du drame- ainsi que l’ascenseur. Schettino y sera « comme accusé et non comme consultant », et ne pourra donc pas intervenir, a prévenu le juge.

Lors d’une première visite d’experts, le 23 janvier, deux ordinateurs de la salle de commandement avaient été saisis.

Dans la nuit du 13 janvier 2012, le Costa Concordia, qui naviguait trop près de la côte, avait heurté un écueil et s’est échoué sur des rochers à quelques dizaines de mètres du Giglio, avec à son bord 4.229 personnes, dont 3.200 touristes.

Dans le procès qui se déroule à Grosseto (Toscane), le commandant se retrouve seul sur le banc des accusés. Ses cinq coaccusés -dont l’officier de bord, le timonier et le directeur de l’unité de crise de Costa Crociere- ont été condamnés à des peines de moins de trois ans de prison dans le cadre d’une procédure de « pattegiamento » qui permet un accord à l’amiable entre la justice et l’accusé. Cette procédure a été refusée au commandant Schettino.

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