Biodiversité: l’Assemblée nationale rejette l’interdiction du chalutage en eau profonde

Les députés avaient voté, lors de la deuxième lecture du texte en commission et à l’initiative de l’UDI Bertrand Pancher, un amendement visant l’interdiction du chalutage en eaux profondes et renvoyant à un décret le soin de le définir.

La pêche en eaux profondes affecte des « espèces menacées », comme le grenadier de roche ou la lingue bleue, est « peu génératrice d’emplois directs » entre « 44 et 112 marins » à temps plein, a plaidé le député centriste Bertrand Pancher. Intermarché, principal acteur avec ScaPêche, s’est engagé à « remonter ses filets à 900 m » en 2014, et les autres enseignes de supermarchés ont entrepris de répondre à une « forte mobilisation citoyenne », selon l’élu.

L’écologiste Laurence Abeille a dénoncé « un mode de pêche raclant les fonds marins » et « sans intérêt économique » car « fortement subventionné ».

La rapporteure, Geneviève Gaillard (PS), a dénoncé les effets irréversibles pour la biodiversité de cette pêche et défendu « une décision responsable et courageuse » concernant de facto « un seul chalutier ».

Le vote des députés en commission, avec l’aval du gouvernement, avait suscité un appel, notamment du Comité régional des pêches de Bretagne, à des blocages symboliques des ports de pêche pour protester contre « la menace d’une interdiction totale du chalutage, soit la disparition de toute une filière économique ».

Ce dernier s’est félicité vendredi dans un communiqué de ce rejet, qui permet la « survie d’une filière économique représentant en Bretagne près de 600 navires, 2.500 marins et 8.000 emplois indirects ». « La vigilance reste de mise », a-t-il cependant ajouté, indiquant que le Sénat devait examiner la semaine prochaine le projet de loi sur la croissance bleue, dite loi Leror, alors qu’un amendement a été déposé réclamant à nouveau l’interdiction du chalutage en eaux profondes.

La région Bretagne, présidée par le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, avait également appelé mercredi au retrait de cet amendement « afin que les négociations européennes se poursuivent, sur la base d’un encadrement de cette pêche, qui est déjà la plus contrôlée au monde ».

Outre des élus Les Républicains, comme Daniel Fasquelle (Pas-de-Calais) ou Gilles Lurton (Ille-et-Vilaine), de tels arguments ont été relayés jeudi par des socialistes tels l’ancien ministre Frédéric Cuvillier, maire de Boulogne-sur-Mer, selon lequel « nationaliser la question serait affaiblir le rôle de la France », ou le député breton Gwendal Rouillard.

Disant avoir « entendu l’émotion » suscitée, la secrétaire d’Etat à la Biodiversité, l’écologiste Barbara Pompili, a tenu à récuser « un immense malentendu » sur une éventuelle volonté « d’interdire le chalutage ».

« Le gouvernement, jamais, au grand jamais, ne voudrait mettre en difficulté ses pêcheurs », a-t-elle insisté.

Mais « pour lever les inquiétudes », elle a invité à voter un amendement de la rapporteure stipulant que l’interdiction serait seulement « en-dessous de 800 mètres », soit la « même chose que ce qui est en stand by au Parlement européen ».

« Ségolène Royal a saisi à plusieurs reprises les instances européens pour leur demander d’accélérer le processus qui s’embourbe », a relevé Mme Pompili.

Elle s’en est remise à la sagesse des députés pour les amendements.

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