Canberra évoque des contacts avec l’UE sur les bateaux de migrants, Bruxelles rejette le « modèle australien »

« Je ne suis pas au courant de tels contacts », a réagi la porte-parole de la Commission chargée de l’Immigration, Natasha Bertaud, dans un point de presse.

« Plus généralement, l’Union européenne applique le principe de non refoulement », prescrit par les règles internationales en matière d’asile, a-t-elle ajouté. « Nous n’avons pas l’intention de changer cela, donc bien évidement le modèle australien ne pourra jamais être un modèle pour nous », a-t-elle affirmé.

Après la série noire de naufrages en Méditerranée ayant fait des centaines de morts parmi les passagers migrants fin avril, Tony Abbott avait fait la leçon aux Européens, estimant que seul le refoulement systématique des bateaux était efficace.

Lundi, il a laissé entendre que les Européens s’étaient finalement résignés à l’écouter, pour faire face au flux migratoire continu transitant vers l’Europe d’Afrique et de Syrie via la Libye.

« D’après ce que je sais, il y a eu des contacts officiels entre les Australiens et les Européens », a déclaré le dirigeant conservateur.

Entre-temps, plus de 5.800 migrants ont été secourus ce week-end, et dix morts retrouvés, dans des opérations de secours menées en Méditerranée dans le cadre de l’opération Triton gérée par Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières.

Peu après son arrivée au pouvoir en septembre 2013, le gouvernement conservateur de Tony Abbott avait lancé avec l’aide de l’armée l’opération « Frontières souveraines » pour décourager les migrants et candidats à l’asile d’arriver par la mer.

Les arrivées étaient alors quasi quotidiennes et 1.200 personnes avaient péri sous le précédent gouvernement travailliste alors que selon la droite aucun décès n’a été à déplorer en mer en près de 18 mois.

Cette politique comporte deux volets. Les bâtiments de la marine interceptent les bateaux-passeurs et les renvoient vers leur point de transit, souvent l’Indonésie.

Les demandeurs d’asile qui arrivent par bateau en Australie sont placés dans des camps de rétention sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle Guinée, ou sur l’île de Nauru, dans l’océan Pacifique.

Même si leur demande d’asile est considérée comme légitime après instruction de leur dossier, Canberra ne les autorise pas à s’installer en Australie. La seule option qui s’offre à eux est le retour dans leur pays, la vie dans les camps de rétention dans les îles ou au Cambodge, pays pauvre avec lequel l’Australie a conclu un accord.

« Il y a évidemment des leçons à tirer de l’opération Frontières souveraines quant à ce qu’il convient de faire (…) pour nos concitoyens mais aussi pour ces pauvres gens dupés (par les passeurs) qui pour toutes sortes de raisons désirent une vie meilleure mais très souvent finissent par trouver la mort en succombant aux sirènes des trafiquants d’êtres humains », a détaillé M. Abbott.

« En refoulant les bateaux, nous avons refoulé la mort », a-t-il ajouté.

Voir les autres articles de la catégorie

OCÉAN D'HISTOIRES

« Océan d’histoires », la nouvelle web série coanimée avec Bertrand de Lesquen, directeur du magazine Marine & Océans, à voir sur parismatch.com et sur le site de Marine & Océans en partenariat avec GTT, donne la parole à des témoins, experts ou personnalités qui confient leurs regards, leurs observations, leurs anecdotes sur ce « monde du silence » qui n’en est pas un.

5 MOIS EN ANTARCTIQUE