Cargo espagnol échoué à Anglet: l’enquête démarre, premier pompage souhaité vendredi

Désormais brisé en trois morceaux, le navire de 100 mètres de long restait sous l’oeil attentif des autorités au lendemain du spectaculaire naufrage qui l’a vu heurter une digue à Anglet, alors que l’armateur espagnol n’a pu fournir jeudi soir un premier plan pour mettre en oeuvre le dégagement du navire, faute d’avoir reçu la totalité des réponses à ses appels d’offre.

En conséquence, les deux mises en demeure le visant – l’une demandant de « faire cesser le danger nautique » présenté par l’épave, l’autre visant « à faire cesser les risques de pollution » – ont été reconduites jeudi soir, aucun délai n’étant pour l’instant fixé, selon Patrick Dallennes, sous-préfet de Bayonne.

Après une première tentative avortée dans la nuit de mercredi à jeudi, des experts mandatés par l’assureur du navire, accompagnés du chef-mécanicien du cargo et épaulés par des pompiers et des membres du Centre d’expertises pratiques de lutte antipollution (Ceppol) de la Marine nationale, ont finalement pu accéder jeudi après-midi à l’avant de l’épave, échoué sur la plage de La Barre. C’est dans cette partie du navire que seraient stockés 70% du carburant du cargo, soit 60 à 70 tonnes.

Profitant de la marée basse, les experts ont pu vérifier que sur les trois cuves de l’avant du bateau, une seule contenait du gazole et qu’elle était « intacte », sans fuites, selon le maire d’Anglet, Jean Espilondo.

Selon Patrick Dallennes, les opérations de pompage devraient débuter vendredi vers 15H00. Il y aura alors un « créneau d’une à deux heures » correspondant à la marée basse, a-t-il souligné. « Il va falloir aller vite car les conditions climatiques se dégradent samedi et dimanche », a indiqué Jean Espilondo, prévoyant une « opération difficile » car « le bateau gîte de 15 degrés sous l’effet des vagues ».

L’armateur devrait s’appuyer sur la société néerlandaise Smit Salvage, spécialisée dans la prise en charge de bateaux en difficulté. Un avion-cargo Antonov, affrété par Smit Salvage, devait atterrir dans la soirée à Biarritz avec du matériel de pompage acheminé vendredi matin sur les lieux du naufrage.

« Micro-gouttelettes »

Jeudi, les autorités ont une nouvelle fois écarté le risque d’une pollution majeure. « La quantité et la nature du carburant contenu dans les soutes du navire échoué », du gazole marin, « ne sont pas susceptibles de provoquer une pollution de type marée noire », a assuré la préfecture, au lendemain de déclarations en ce sens du ministre de la Mer, Frédéric Cuvillier.

Selon le sous-préfet, les 20 tonnes de carburant stockées dans l’arrière du navire se sont « vraisemblablement dispersées », en raison de la houle, ce qui, selon lui, ne devrait pas entraîner de pollution directe des plages. Ce carburant est en effet « plus léger que l’eau », « flotte et s’étend à la surface en des milliers de micro-gouttelettes qui se diluent dans l’eau », a précisé à l’AFP un membre de la cellule technique du Ceppol.

Dans le même temps, les enquêteurs cherchaient toujours à déterminer les circonstances de l’accident. Les auditions des onze membres de l’équipage du « Luno » ont démarré jeudi matin et se poursuivront vendredi, a indiqué à l’AFP Anne Kayanakis, procureur de la République de Bayonne, qui dirige l’enquête conduite par la Section de recherches de la gendarmerie maritime. Une enquête administrative, confiée au Bureau d’enquête-accident espagnol, qui y associera des représentants français, a aussi été ouverte.

De source proche du dossier, on précise que le navire qui reliait à vide Bilbao (nord de l’Espagne) à Bayonne, où il devait récupérer un chargement de billes d’acier, était arrivé à proximité du port mardi soir. Il a tenté une première entrée dans le chenal du port, infructueuse en raison d’une première avarie électrique qui a provoqué sa dérive, avant que le courant ne soit rétabli.

Mercredi matin, le cargo semblait avoir récupéré sa propulsion et, accompagné par deux remorqueurs, a de nouveau pris le chemin du port. C’est là que s’est produit une autre « avarie électrique totale », le rendant impossible à manoeuvrer et le conduisant inéluctablement au naufrage.

Selon la préfecture maritime de l’Atlantique, la régulation des entrées et sorties du port n’était pas de sa compétence, mais relève normalement de la compétence de la capitainerie du port de Bayonne.

Le « Luno » était en service depuis 1994. L’accident s’est soldé par un seul blessé léger.

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