Les travaux de Simon Josey, du Centre national d’océanographie de Southampton (Royaume-Uni), et de ses collègues, explorent un aspect encore mal connu de l’impact de la rétractation de la banquise: le transfert de chaleur vers l’atmosphère depuis la surface de l’océan.
Ce phénomène, qui s’accroît lorsque la couverture de glace de mer ne se reconstitue pas entièrement pendant l’hiver, s’accompagne d’une multiplication des tempêtes selon leurs résultats, qui combinent l’analyse d’images satellite de la banquise antarctique, de données sur les flux thermiques entre l’océan et l’atmosphère, ainsi que de relevés de température et de vitesse du vent.
« La répétition de tels épisodes de nette diminution de la banquise au cours d’hivers ultérieurs renforcera ces impacts et devrait aussi probablement conduire à de profonds changements dans des zones plus éloignées, y compris au niveau des tropiques et de l’hémisphère nord », préviennent-ils en préconisant des études approfondies de l’impact de ces phénomènes sur le système climatique global.
Dans trois zones particulièrement affectées par la rétractation historique de la banquise antarctique en 2023, les chercheurs ont comparé les données recueillies pendant l’hiver austral aux moyennes observées lors des hivers des périodes 1990-2015 (marquée par une relative stabilité de son étendue) et 2016-2022 (une phase de déclin marqué).
Dans ces régions, la réduction de l’étendue de la glace de mer a atteint jusqu’à 80% par rapport à la moyenne d’avant 2016 et elle s’est accompagnée d’une accentuation de la redistribution de chaleur de l’océan vers l’atmosphère pouvant aller jusqu’à un doublement.
Parallèlement, la fréquence des tempêtes a augmenté par rapport à la période 1990-2015, avec parfois jusqu’à sept jours supplémentaires marqués par des vents supérieurs à 36 km/h lors de l’hiver 2023.
« Des analyses supplémentaires (…) sont nécessaires » pour déterminer plus précisément la relation de cause à effet, soulignent les auteurs.