Alors que les scientifiques s’étaient jusqu’ici concentrés surtout sur la fonte aux franges de la calotte glaciaire, cette nouvelle étude a mené des recherches plus en profondeur dans les terres, à l’aide de données satellites, de stations GPS sur place et de modélisations numériques.
Et leur découverte est alarmante: l’amincissement du bloc de glace géant, appelé aussi inlandsis, qui recouvre le territoire du Groenland, se produit jusqu’à 200 à 300 kilomètres des côtes.
Leurs résultats concernent le Northeast Greenland Ice Stream (NEGIS), une section nord-est de l’inlandsis qui représente 12% de la calotte, mais la tendance se produit probablement sur l’ensemble du Groenland et sur l’autre calotte glaciaire de la Terre, en Antarctique, selon les auteurs.
Les scientifiques estiment que cet amincissement pourrait ajouter entre 13,5 et 15,5 millimètres au niveau de la mer d’ici la fin du siècle. Autant que la contribution totale de la calotte glaciaire du Groenland au cours des 50 dernières années.
Dans un rapport historique sur la science du climat en 2021, le comité d’experts de l’ONU (Giec) estimait que la calotte glaciaire du Groenland pourrait contribuer jusqu’à 18 centimètres à l’élévation du niveau de la mer d’ici 2100, mais dans le cadre du scénario d’émissions le plus élevé. Cette énorme couche de glace, de deux kilomètres d’épaisseur, contient suffisamment d’eau douce gelée pour élever les mers du globe de plus de sept mètres au total.
La calotte glaciaire du Groenland est actuellement le principal facteur de gonflement des océans, selon la NASA, la région arctique se réchauffant plus rapidement que le reste du monde.
« Le NEGIS pourrait perdre six fois plus de glace que ne l’estiment les modèles climatiques existants », indique le rapport.
L’une des raisons de l’amincissement à l’intérieur des terres est l’intrusion de courants océaniques chauds, qui ont provoqué en 2012 l’effondrement de l’extension flottante du NEGIS et accéléré le flux de glace qui s’est propagé en amont.
« Le nouveau modèle rend vraiment compte de ce qui se passe à l’intérieur des terres, les anciens ne le font pas (…) on se retrouve avec un changement de masse, ou une projection du niveau de la mer, complètement différent », a expliqué l’auteur principal Shfaqat Abbas Khan à l’AFP.
Les chercheurs vont maintenant étendre leurs méthodes à d’autres zones du Groenland et de l’Antarctique, et de nouvelles données pourraient être disponibles d’ici un an environ.
Selon M. Khan, l’amincissement de la calotte glaciaire du Groenland est pratiquement impossible à inverser, mais il peut au moins être ralenti si le monde adopte les politiques nécessaires contre le réchauffement climatique.