Eolien en mer: il faut accélérer, et diversifier les opérateurs, selon le régulateur de l’énergie

Paris, 27 mars 2023 (AFP) – Si la France veut tenir ses objectifs de déploiement dans l’éolien en mer, il faudra raccourcir les délais d’instruction des projets, et développer la concurrence, dit à l’AFP Emmanuelle Wargon, la présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui instruit les dossiers.

Un consortium mené par EDF Renouvelables a été chargé lundi de construire un nouveau parc au large du Contentin, d’ici 2031. Il s’agit du 8e parc commercial offshore ainsi mis sur les rails dans l’Hexagone, et le 5e attribué à l’électricien national.

QUESTION: Ce parc a été attribué plus de deux ans après le lancement de l’appel d’offres. La France envisage une cinquantaine de parcs d’ici 2050. Comment tenir le rythme?

REPONSE: Nous proposons de faire évoluer les procédures, car si on fait un appel d’offres tous les deux ans appelant entre 500 MW et 1 GW de puissance, on ne va pas aller assez vite. Ce serait donc bien d’appeler plus de puissance d’un coup, à la fois pour aller plus vite et pour diversifier.

Et si on appelle plus de puissance en une fois, plutôt qu’appel d’offres après appel d’offres, on pourra aussi dire qu’un seul lauréat ne peut avoir tous les lots, avec une clause stipulant, comme cela existe ailleurs, que tout ne peut aller au même. Car ce serait une bonne chose d’avoir les grands acteurs internationaux, il serait dommage qu’ils se découragent.

Q: Le tarif pour l’électricité produite, proposé par le producteur à l’Etat, représente 70% des critères de sélection. Aujourd’hui ces prix offerts par les candidats sont très bas. Y voyez-vous un risque?

R: Les prix bas sont une bonne nouvelle pour les finances publiques, sous réserve que cela soit soutenable pour les porteurs de projets.

Dans le cas de l’appel d’offres Normandie, on a mobilisé une procédure dite d’+offres anormalement basses+, pour vérifier que les quatre offres à des prix bas étaient soutenables. Et après analyse, on est arrivé à la conclusion que oui.

Pour la suite, nous souhaitons avoir plus d’éléments d’analyse dans les cahiers des charges. On souhaite en effet augmenter les points de robustesse des offres, car on a constaté que plusieurs offres étaient risquées, pour des raisons différentes, techniques ou de montage financier.

Q: Comment concrètement « massifier » les appels d’offres?

R: Il faudra d’abord faire la planification des zones par façade maritime, et ensuite dans le cadre de la prochaine programmation de l’énergie (attendue d’ici 2024), décider d’appeler plus de puissance: par exemple 2, 3 ou 4 GW de puissance, sur plusieurs lots, au lieu d’un lot d’1 GW.

Mais dès avant, on pourrait aussi raccourcir l’instruction. Aujourd’hui, le gouvernement suit une procédure de +période concurrentielle+: il y a d’abord un appel à qui peut concourir, puis la liste des compétiteurs potentiels, puis une discussion avec eux sur le contenu du cahier des charges, puis la publication de ce cahier des charges, et enfin l’appel d’offres lui-même. Je considère qu’on n’a plus besoin de faire ça: on pourrait publier directement un cahier des charges, ce qui nous ferait gagner environ six mois, et cette réforme pourrait s’appliquer dès les prochains appels d’offres.

cho/ico/eb

EDF – ELECTRICITE DE FRANCE

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