Nicosie considère comme « une provocation » l’annonce de l’envoi d’un navire sismique turc à partir de mi-octobre dans la zone économique exclusive (ZEE) de Chypre.
Le bateau doit sonder les fonds dans un secteur où opère actuellement le consortium italo-coréen ENI-Kogas, choisi par la République de Chypre pour mener des explorations destinées à découvrir d’éventuels gisements de gaz, selon des responsables du gouvernement à Nicosie.
« Pour produire des résultats, les négociations (de paix avec Ankara) ne peuvent être conduites avec de telles provocations », a affirmé le ministre chypriote des Affaires étrangères, Ioannis Kasoulides.
Il s’agit « peut-être du développement le plus grave depuis la délimitation de la zone économique exclusive », a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie chypriote a précisé qu’il reviendrait au président Nicos Anastasiades de décider des mesures qui seront prises
Les leaders chypriotes grec et turc ont relancé en février les négociations de paix, après pratiquement deux ans d’interruption, sans réel progrès pour le moment.
L’île méditerranéenne est coupée en deux depuis l’invasion de la partie nord par la Turquie en juillet 1974, en réaction à un coup d’Etat mené par des nationalistes chypriotes-grecs pour rattacher l’île à la Grèce.
La Turquie, seul pays à reconnaître la République turque de Chypre-Nord, s’oppose à l’exploitation de gisements gaziers ou pétroliers par le gouvernement grec-chypriote avant tout accord de paix, réclamant que les Cypriotes-turcs bénéficient des retombées de ces richesses.
« Nous avons répété que les richesses naturelles de Chypre (…) appartenaient à tous les Chypriotes et que tout le monde en bénéficierait en cas de solution (à la question chypriote), mais cela est en train d’être compromis », a affirmé à ce sujet M. Kasoulides.
Chypre ambitionne de devenir une importante plateforme régionale dans le domaine de l’énergie et compte sur ses réserves en hydrocarbures pour se sortir d’une crise qui a obligé l’île à accepter en 2013 un plan de sauvetage de 10 milliards d’euros, assorti de conditions draconiennes.