GB: le chef de l’état-major considère que la Russie constitue une menace

Dans un rare discours public, le chef de l’état-major, le général Nick Carter, a estimé que la Russie développait une stratégie armée de plus en plus agressive et a souligné en particulier qu’elle avait démontré en Syrie sa capacité à utiliser des missiles à longue portée de haute technologie.

La Russie représente « le défi sécuritaire le plus complexe et réel que nous ayons à affronter depuis la Guerre froide », a affirmé le général Carter dans son discours devant le Royal United Services Institute (RUSI), un centre d’analyses britannique spécialisé dans les questions de défense et de sécurité et qui a son siège à Londres.

Il a longuement détaillé au cours de son intervention les capacités militaires russes, vidéo en langue russe à l’appui.

« Nous devons prendre garde à ne pas tomber dans la complaisance, les parallèles avec 1914 sont forts », a-t-il affirmé.

« Notre génération s’est habituée à choisir ses guerres depuis la fin de la Guerre froide. Mais nous pourrions ne pas avoir le choix d’être en conflit avec la Russie », a déclaré le chef de l’état-major interarmes.

Le général Carter a affirmé que des manoeuvres militaires effectuées en 2017 par la Russie étaient des attaques simulées contre l’Europe du Nord, de Kaliningrad à la Lituanie.

– Réagir ‘maintenant’ –

« Il faut réagir à ces menaces maintenant, nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre sans rien faire », a-t-il insisté.

Sans mentionner explicitement la Russie, le chef de l’état-major interarmes a également mis en garde contre la guerre menée sur internet, avec un « recours sophistiqué à des campagnes de dénigrement et des fausses informations », citant notamment les accusations d’interférences dans la campagne présidentielle américaine de 2016.

Le général Carter a prévenu que le Royaume-Uni risquait d’avoir du mal à faire face aux capacités militaires de la Russie et d’autres pays s’il n’investissait pas davantage dans ses forces armées, éprouvées par des années d’austérité budgétaire.

Selon des informations de presse, le ministre de la Défense Gavin Williamson appelle à un accroissement du budget des forces armées. Les déclarations très directes du général Carter devraient renforcer la pression sur le ministre des Finances Philip Hammond.

« Notre capacité à préempter les menaces ou à y réagir sera diminuée si nous ne nous maintenons pas au niveau de nos adversaires », a plaidé le général Carter.

L’ancien ministre britannique de la Défense Michael Fallon s’est joint aux appels pour une augmentation des dépenses militaires.

Relevant dans un discours que le déficit de la Grande-Bretagne diminuait et que les dépenses étaient en hausse dans d’autres domaines, M. Fallon a déclaré: « Dégageons un milliard de livres supplémentaires (1,14 milliard d’euros, ndlr) pour renforcer le budget de la Défense cette année, et fixons-nous comme nouvel objectif 2,5% du PIB pour la fin de la législature ».

Un porte-parole de la Première ministre Theresa May a assuré lundi devant la presse que les « menaces » évoquées par Nick Carter avaient été intégrées dans une réflexion en cours sur la politique de défense.

Le Royaume-Uni, a ajouté ce porte-parole, est « en position de force, avec un budget de défense de 36 milliards de livres (environ 41 milliards d’euros, ndlr), qui atteindra près de 40 milliards d’ici 2020-2021. C’est le plus important budget de défense de l’Europe, le deuxième de l’OTAN et le cinquième du monde ».

Les efforts budgétaires permettront « de financer de nouvelles capacités », a renchéri le porte-parole de Mme May, citant de « nouveaux porte-avions, sous-marins, véhicules blindés et avions ».

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