Hommages à Paul-Henri Nargeolet, qui était attendu pour une exposition sur le Titanic

Paris, 23 juin 2023 (AFP) – De vibrants hommages ont été rendus vendredi à l’explorateur des grands fonds Paul-Henri Nargeolet, disparu dans une tentative de visite de l’épave du Titanic, qui doit justement faire l’objet d’une exposition à Paris où les organisateurs comptaient sur sa présence.

L’ancien sous-marinier, devenu spécialiste de la plongée à grande profondeur et passionné d’archéologie maritime, est décédé à 77 ans le 18 juin avec ses quatre co-équipiers dans l’implosion du submersible Titan.

« Il a aidé l’humanité à comprendre ce monde inconnu » des grandes profondeurs, a déclaré Bernard Cauvin, directeur de la Cité de la mer de Cherbourg, dans un message louant un personnage qui « passionnait tout le monde avec retenue, délicatesse et humilité ».

Originaire de Haute-Savoie, Paul-Henri Nargeolet avait effectué la première partie de sa carrière comme officier de marine. Il était notamment devenu commandant du groupe de plongeurs-démineurs de Cherbourg (Manche), avant de passer pilote de sous-marins au Groupe d’intervention sous la mer, dépendant de la Marine nationale française.

Le véritable tournant de sa carrière était intervenu en 1986 lorsqu’il était devenu responsable des sous-marins d’intervention profonde au sein de Genavir, opérateur des navires océanographiques de l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer). Un an auparavant, une équipe menée par le scientifique américain Robert Ballard, en coopération avec l’Ifremer, avait trouvé l’épave du Titanic.

En 1987, il fait sa première plongée à bord du Nautile sur l’épave lors de recherches menées par l’Ifremer et l’équipe de Robert Ballard. En 1989, il prend la responsabilité de la direction des sous-marins d’intervention profonde de Genavir

« Ses plongées resteront gravées dans la mémoire de l’océanographie française », a déclaré dans un communiqué Éric Derrien, directeur de Genavir, en regrettant « la disparition de cet explorateur insatiable de l’océan ».

– « Raconteur d’histoires » –

Surnommé « M. Titanic », l’océanaute réalise une vingtaine de plongées sur l’épave avec le Nautile, et bon nombre d’autres ensuite, en remontant notamment de nombreux objets du vaisseau gisant par 3.800 mètres de fond dans l’Atlantique Nord.

« Nous avons piloté ensemble depuis le Nautile le mini-robot Robin qu’il avait lancé pour pouvoir explorer les parties inaccessibles de l’épave », a raconté Xavier Placaud, un responsable de Genavir: « Paul-Henri a aussi piloté les opérations pour remonter une partie de la coque du Titanic, la Big Piece, qui pesait 18 tonnes ».

L’océanaute était justement attendu à l’inauguration, le 18 juillet à la Porte de Versailles à Paris, d’une exposition consacrée au navire, qui présentera notamment de nombreuses reliques de l’épave.

« Nous saluons la passion et le courage de cet explorateur extraordinaire et le remercions des rêves et des émotions qu’il nous a offerts », a déclaré dans un communiqué Pascal Bernardin, organisateur de « Titanic L’Exposition ».

Il n’avait cessé de visiter l’épave à chaque occasion, dont pas moins de cinq fois l’an dernier. Il vivait aux États-Unis après être devenu directeur du programme de recherche sous-marine de la société RMS Titanic, propriétaire des droits sur l’épave.

En 2022, à l’occasion du 110e anniversaire du naufrage du paquebot, il publiait « Dans les profondeurs du Titanic », chez HarperCollins France.

La maison d’édition lui a, elle aussi, rendu hommage vendredi. « Nous nous souviendrons d’un homme passionné, chaleureux et profondément gentil, qui était un incroyable raconteur d’histoires », déclare dans un communiqué sa directrice générale Emmanuelle Bucco-Cancès.

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