La facture des fuites de méthane sous l’océan Arctique pourrait être très lourde

Des milliards de tonnes de ce très puissant gaz à effet de serre sont bloqués au fond de l’océan Arctique, sous la banquise qui se réchauffe et fond en été, indiquent trois scientifiques signataires de l’article.

Ils ont cherché à évaluer l’impact économique d’une possible fuite de 50 milliards de tonnes de ce méthane, s’échappant durant dix ans de la mer de Sibérie orientale, partie de l’océan Arctique au nord-est de la Russie.

Ce chiffre correspond à 10% du stock de méthane coincé dans le plateau continental sibérien. En 2008, des chercheurs russes avaient considéré qu’il était “hautement possible” que jusqu’à 50 milliards de tonnes de méthane s’en libère.

“Si ce méthane était libéré, le temps qui nous sépare du moment où l’augmentation de la température moyenne globale dépassera les 2°C serait raccourci de 15 à 35 ans”, estime l’expert en modélisation, Chris Hope, de l’Université de Cambridge en Angleterre, dans un communiqué présentant l’étude.

Cette menace est une “bombe à retardement invisible”, résume Gail Whiteman, spécialiste du climat à l’Université Erasmus de Rotterdam aux Pays-Bas.

Prenant en compte les inondations, sécheresses, tempêtes et productivité plus faible de l’économie que provoquerait ce changement climatique, “l’impact est évalué à 60.000 milliards de dollars, quand la valeur de l’économie mondiale en 2012 était proche de 70.000 milliards de dollars”, dit-il.

Quelque 80% des effets seraient constatés dans les pays les plus vulnérables en Afrique, en Asie et en Amérique sud, selon le modèle utilisé par les chercheurs.

Si les 50 milliards de tonnes de méthane étaient libérés durant 20 ans, entre 2015 et 2035, le coût serait d’environ 64.500 milliards de dollars, a précisé à l’AFP Chris Hope. Et si la fuite s’étalait sur 30 ans, entre 2015 et 2045, il s’élèverait à 66.200 milliards.

Des chercheurs ont mis en évidence ces dernières années que le fond de l’océan Arctique commençait déjà à libérer du méthane, mais ce phénomène reste mal expliqué et peu documenté. En 2011, une équipe russe l’a constaté dans la mer de Sibérie orientale, mais a attribué ce phénomène aux conséquences du dernier âge de glace.

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