La pêche illégale, “un problème récurrent” en Guyane (gendarmerie maritime)

“Ces prises-là sont régulières dans nos eaux, tant à l’est, du côté brésilien qu’à l’ouest, du côté surinamien. C’est un problème récurrent, ça fait une vingtaine d’années que l’on est sous pression des pêcheurs illégaux”, a déclaré Steven Martin, responsable de l’action de l’Etat en mer.

Les deux bateaux, immatriculés à Macapa et Belem chez le puissant voisin brésilien avec respectivement cinq et trois marins à bord, ont été déroutés vers la base navale du port Degrad des Cannes. La prise, estimée initialement en mer à 3 tonnes, s’est avérée une fois pesée atteindre les 4,5 tonnes.

Ce poisson sera rejeté à la mer. Les deux capitaines, toujours en garde à vue, devraient comparaître vendredi, a indiqué M. Martin. Ils encourent jusqu’à 1 an de prison et 75.000 euros d’amende.

“Ces derniers mois des peines de prison ferme ont été prononcées (2-3 mois) pour des capitaines en récidive”, a poursuivi le commissaire Martin.

Depuis le début de l’année, 15 bateaux ont été déroutés (7 brésiliens et 8 du Suriname), 30 marins ont été reconduits à la frontière brésilienne et 2 au Suriname. L’ensemble des prises s’élève à 32 tonnes de poissons.

“Ce que nous prenons est marginal. Selon les estimations de l’Ifremer, la pêche illégale serait de l’ordre de 2.000 tonnes de poisson prélevées, en fourchette basse”, a précisé M. Martin. C’est l’équivalent de ce qui est pêché par les bateaux français dans cette pêche côtière de poissons blancs (acoupa, essentiellement).

“Il n’y a pas de quotas dans les eaux guyanaises, car il n’y pas de soucis de surpêche”, a-t-il ajouté, mais “les pêcheurs locaux se plaignent de la pêche illégale, la mettant en relation avec la baisse des prises”.

“Elle est un frein au développement de la pêche locale”, a fait valoir M. Martin. Environ 600 marins sont employés sur 170 petits bateaux, dont les armateurs sont français, mais la quasi totalité des équipages sont brésiliens ou surinamiens, dans un département qui n’a pas vraiment de tradition maritime.

L’Etat dispose de 5 bateaux pour sa lutte en mer (2 patrouilleurs de la Marine nationale, 2 vedettes de gendarmerie maritime, 1 vedette des douanes) et devrait disposer bientôt de moyens pour récupérer en mer les filets de pêche des illégaux, qui valent parfois plus cher que les bateaux.

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