L’OMC prolonge sa ministérielle d’une journée, pas d’accord majeur certain

Genève, 15 juin 2022 (AFP) – Les ministres des 164 pays membres de l’OMC vont pouvoir disposer d’une journée supplémentaire de négociations – jusqu’au 16 juin – dans l’espoir que ce nouveau délai puisse leur permettre de trouver des accords significatifs.

La conférence ministérielle devait prendre fin mercredi soir sans grand espoir que les pays trouvent un accord sur les épineuses questions de la pêche et des brevets des vaccins contre le Covid.

Mais il a été décidé de prolonger la réunion jusqu’à jeudi 15h (13H00 GMT) car « les perspectives d’accords sont favorables et les discussions se poursuivent », notamment en petits groupes, a indiqué un porte-parole de l’Organisation mondiale du commerce, Dan Pruzin, aux journalistes.

Quelques heures plus tôt, la directrice générale de l’organisation, Ngozi Okonjo-Iweala, avait demandé aux ministres de redoubler d’efforts afin de parvenir à une convergence de vues sur les différentes questions examinées et de ne pas perdre de vue que le temps presse pour conclure.

« Cela exige que nous travaillions plus dur (…). La bonne nouvelle, c’est que des progrès ont été accomplis, mais qu’ils nécessitent un peu plus de travail et de temps », a-t-elle déclaré selon un communiqué publié dans la nuit.

« La moins bonne nouvelle est que nous manquons de temps, donc je pense qu’il est vraiment temps pour les ministres de prendre les décisions qui doivent être prises », a-t-elle souligné.

La dernière ministérielle de l’OMC fin 2017 à Buenos Aires est considérée par beaucoup comme un échec, faute d’accord majeur conclu. Depuis son arrivée en mars 2021 à la tête de l’OMC, Mme Ngozi n’a pas ménagé ses efforts pour redonner un rôle à l’organisation et ne pas la laisser dépérir.

A ses yeux, la mesure du succès de la ministérielle dépend toutefois de la conclusion d’un accord sur’au moins « un ou deux sujets ». Elle n’a toutefois pas précisé lesquels.

Selon l’OMC, les ministres sont « très proches » de trouver un accord sur une déclaration ministérielle qui souligne l’importance de faciliter la circulation des outils nécessaires à la lutte contre les pandémies. Il est attendu également qu’ils fassent mention dans un autre texte de la nécessité de réforme de l’OMC.

– Pêche et vaccins anti-Covid –

Malgré l’énergie déployée, l’issue des négociations sur les subventions qui nuisent à la durabilité de la pêche et la levée temporaire des brevets sur les vaccins anti-Covid – reste très incertaine.

La levée temporaire des brevets divise. La Suisse et le Royaume-Uni, où l’industrie pharmaceutique pèse lourd, freinent des quatre fers sur la levée des brevets sur les vaccins anti-Covid, tandis que les pays en développement et les ONG estiment que le texte ne va pas assez loin.

Les négociations sur la pêche -lancées il y a plus de 20 ans- visent elles à interdire certaines formes de subventions encourageant la surpêche ou les prélèvements illégaux.

Des progrès ont été faits ces derniers mois. Mais l’Inde réclame une période d’exemption de 25 ans la concernant sur l’interdiction des subventions contribuant à la surcapacité et à la surpêche, alors que le projet d’accord vise 2030.

Elle a fait de cette question une véritable ligne rouge.

« Si la période de transition de 25 ans n’est pas acceptée, il nous sera impossible de finaliser les négociations », a averti le ministre du Commerce indien Piyush Goyal.

L’intransigeance indienne, soulignée par de nombreux diplomates, pourrait faire capoter plusieurs dossiers. Même si certains estiment que d’autres pays ont des vues similaires à l’Inde sans le dire aussi haut et fort.

Le moratoire sur les droits de douane sur les transactions électroniques, en discussion mercredi à la ministérielle, cristallise également les tensions. L’Inde et l’Afrique du Sud réclament vivement que les ministres y mettent fin.

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