Russie : la quasi-totalité des militants de Greenpeace en liberté sous caution

Par ailleurs, la justice internationale a ordonné de libérer l’équipage et de lever la saisie du navire Arctic Sunrise contre le versement d’une caution de 3,6 millions d’euros. La diplomatie russe a aussitôt rétorqué que la Russie ne reconnaissait pas la compétence du tribunal international du droit de la mer.

Le capitaine de l’Arctic Sunrise, l’Américain Peter Willcox — qui commandait en 1985 le Rainbow Warrior dynamité par les services secrets français en Nouvelle-Zélande — est sorti de son centre de détention à Saint-Pétersbourg (nord-ouest) après le versement de sa caution, fixée à 2 millions de roubles (45.000 euros).

« Nous menons des actions pacifiques et non-violentes. C’est la première fois, la première fois en 40 ans, que je passe plus d’une nuit en prison. Et comme tous mes collègues, cela ne m’a pas plu », a déclaré à sa sortie ce militant de longue date de Greenpeace, âgé de 60 ans.

Le Suisse Marco Weber, les Néerlandais Faiza Oulahsen et Mannes Ubels, le Canadien Paul Ruzycki, les Britanniques Kieron Bryan et Anthony Perrett et l’Argentin Miguel Hernan Perz Orzi ont aussi été libérés.

Ils ont été suivis un peu plus tard par les Britanniques Alexandra Harris, Frank Hewetson, Iain Rogers, le Néo-Zélandais Jonathan Beauchamp, la Turque Gizem Akhan, l’Ukrainien Rouslan Iakouchev et le Canadien Alexandre Paul.

Le Suédo-Américain d’origine russe Dmitri Litvinov et le Russe Roman Dolgov, pour lesquels la justice s’est prononcée vendredi, ont aussi pu quitter dans la soirée leur prison.

Onze membres d’équipage avaient déjà été libérés mercredi et jeudi.

« Une saga loin d’être terminée »

Un seul militant, l’Australien Colin Russell, a vu sa détention provisoire prolongée de trois mois, jusqu’au 24 février. Selon l’ambassadeur australien en Russie, il devrait faire appel et est confiant dans la décision qui sera rendue.

Mais « cette saga est loin d’être terminée », a souligné Ben Ayliff, de Greenpeace International dans un communiqué.

Selon des médias russes, les étrangers devront rester à Saint-Pétersbourg et ne pourront rejoindre leur pays avant qu’un jugement ne soit rendu à leur encontre.

Le tribunal international du droit de la mer, une juridiction des Nations unies compétente pour régler les litiges maritimes internationaux qui avait été saisie par les Pays-Bas – l’Artic Sunrise battait pavillon néerlandais – a, dans sa décision, demandé aussi à la Russie d’autoriser « toutes les personnes qui ont été détenues (…) à quitter le territoire et les zones maritimes relevant de sa juridiction ».

Greenpeace a salué cette décision et dit espérer que les 30 membres d’équipage puissent retrouver leurs familles aussi vite que possible.

Mais Moscou, qui a boycotté le procès, a répondu que la Russie ne reconnaissait pas la compétence du tribunal basé à Hambourg dans le cas de l’Artic Sunrise dans la mesure où cela concernait ses « droits souverains », s’appuyant sur une « réserve » émise lors de la ratification de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

Un peu plus tôt dans la journée, le président Vladimir Poutine a affirmé que les autorités russes n’avaient pas l’intention d’interférer dans cette affaire.

« La direction politique de la Russie n’a pas l’intention d’interférer dans ce procès », a-t-il déclaré après une rencontre à Saint-Pétersbourg avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

« Il n’y a pas d’intention d’aggraver quoi que ce soit ou de maintenir en détention quelqu’un en particulier », a-t-il ajouté.

Les 30 membres de l’équipage arrêtés en septembre après une action contre une plateforme pétrolière de Gazprom dans l’Arctique ont été inculpés de piraterie, puis, fin octobre, de hooliganisme. Il n’a pas été clairement dit si la première accusation, passible de 15 ans de prison maximum, avait été levée, la seconde pouvant quant à elle entraîner une peine allant jusqu’à sept ans de détention.

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