La France doit se doter de nouveaux moyens de surveillance pour sa ZEE

En 1982, la Convention de Montego Bay a défini des zones économiques exclusives (ZEE) qui s’étendent jusqu’à 200 nautiques du littoral et accordent aux pays côtiers un monopole pour l’exploitation de toutes les ressources qui s’y trouvent. Préserver et tirer parti de ce considérable gisement de croissance économique exige toutefois des capacités importantes de surveillance et d’intervention sans lesquelles de précieuses ressources risquent d’être pillées.

Une souveraineté réaliste nécessite une couverture complète et permanente de la ZEE pour des missions nombreuses et diverses : assistance aux bateaux de pêche, sécurité du commerce maritime, stabilité régionale, soutien aux îles isolées, aide humanitaire, lutte contre les trafics illicites et l’immigration clandestine, protection de l’environnement et des réserves halieutiques. La France mobilise pour cela des moyens d’observation spatiale mais aussi des navires hauturiers et des avions de surveillance maritime. Ils sont mis en œuvre par la Marine nationale à partir des départements et collectivités d’outre-mer.

La France doit cependant aujourd’hui impérativement les renouveler. Les frégates de type Floréal de la marine française sont adaptées à leurs missions de surveillance mais dans des zones océaniques à risque limité. Les patrouilleurs P400, en fin de vie et désarmés les uns après les autres, n’ont pas une tenue à la mer adaptée au pré-positionnement hauturier. Les bâtiments de transport légers (Batral), enfin, sont intéressants pour leur fonction cargo, leur capacité à « plager » et leur autonomie, mais ils seront tous retirés du service actif d’ici 2016.

De nouveaux patrouilleurs hauturiers

Pour faire face à cette réduction de capacité, la France a lancé, en 2007, un projet de bâtiment de surveillance et d’intervention maritime (Batsimar). Ce patrouilleur endurant, disposant d’une grande autonomie, sera capable de rallier rapidement les zones les plus lointaines et d’y rester au minimum une vingtaine de jours. Pouvant accueillir des commandos, il disposera de moyens d’interventions adaptés (hélicoptère, drone, embarcation rapide) pour des opérations de police et des conflits de basse intensité. Mais il ne pourra pas être livré, en raison des contraintes budgétaires, avant 2017.

D’ici là, la France a lancé le programme B2M pour combler ce déficit de présence outre-mer et assurer un besoin de transport logistique et humanitaire jusque-là assuré par les Batral. Ce programme prévoit la mise en œuvre d’un navire de type supply ship dont le premier devrait être mis en service en 2015, en attendant les Batsimar. D’une longueur comprise entre 60 et 80 mètres pour un déplacement avoisinant les 2 000 tonnes, le B2M disposera d’excellentes qualités nautiques (tenue à la mer et manœuvrabilité) et d’endurance adaptées à des missions de longue durée dans des conditions parfois difficiles. La vitesse n’est pas un critère retenu pour ces missions à dominante de soutien logistique ou de ravitaillement. Sans capacité amphibie comme le Batral, il disposera néanmoins d’une importante surface modulaire en pontée permettant d’assurer une fonction cargo pour du fret humanitaire ou du matériel antipollution. Il sera équipé d’une grue pour l’embarquement et le débarquement de conteneurs et pourra également déployer des embarcations légères et des plongeurs.

L’appel à candidature pour ce navire conçu aux normes civiles a été lancé par la DGA en juillet 2012 pour un marché qui devrait également comprendre leur maintien en condition opérationnelle pendant 6 ans. Les B2M font l’objet d’un financement interministériel car, bien qu’armés par la Marine, ils réaliseront également des missions dévolues à d’autres ministères dans le cadre de la fonction garde-côtes. Les B2M seront affectés en Nouvelle-Calédonie, aux Antilles, à la Réunion et en Polynésie.

Source : Centre d’études supérieures de la Marine (CESM)
www.cesm.marine.defense.gouv.fr / contact : cesm.editions.fct@intradef.gouv.fr

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