Chronique navale du 14 février

Le Ranger recevant le salut de la flotte française par Edward Moran.

 

14 février 1778 : la bannière étoilée du sloop de guerre USS Ranger de la Continental Navy américaine reçoit son premier salut par un officiel français.

Le Robuste, portant la marque de La Motte Picquet salue en baie de Quiberon la bannière étoilée portée par le Ranger (lancé le 10 mai 1777). Six jours auparavant, la France et les États-Unis venaient de signer deux traités : un traité d’alliance et un traité d’amitié et de commerce. Le 20 mars, la France reconnaît les États-Unis. Le Ranger sera capturé par la Royal Navy le 10 mai 1780.

Détails techniques :

Équipage 140 hommes
Caractéristiques techniques
Longueur 35 m
Maître-bau 9 m
Tirant d’eau 4,1 m
Déplacement 313 t
Caractéristiques militaires
Armement 18 canons de 6 livres

14 février 1779 : Mort à 50 ans du navigateur britannique James Cook

Accédant au grade de capitaine de la Royal Navy, il fait trois voyages dans l’océan Pacifique à l’occasion desquels il est le premier Européen à débarquer sur la côte Est de l’Australie, en Nouvelle-Calédonie, aux îles Sandwich du Sud et à Hawaï. Il est également le premier navigateur à faire le tour de l’Antarctique et à cartographier Terre-Neuve et la Nouvelle-Zélande.

Après son service dans la marine marchande britannique, il intègre en 1755 la marine royale britannique au cours de la guerre de Sept Ans. Pendant le siège de Québec, il se consacre à la cartographie de l’embouchure du fleuve Saint-Laurent, ce qui permet au général James Wolfe de mener son attaque décisive sur les plaines d’Abraham. Le jeune James Cook attire ainsi l’attention de l’Amirauté et de la Royal Society à un instant crucial de sa carrière personnelle et de la direction des expéditions britanniques outre-mer. Il est alors nommé commandant du HMB Endeavour pour la première de ses trois expéditions dans le Pacifique, en 1766. Il s’ensuit deux autres expéditions établissant les premières cartes précises de nombreuses îles et côtes.

Son héritage colossal peut être attribué à son grand sens marin, des aptitudes poussées pour la cartographie, son courage pour explorer des zones dangereuses afin de vérifier l’exactitude des faits rapportés par d’autres, sa capacité à mener les hommes et à se préoccuper de leur condition sanitaire dans les conditions les plus rudes, ainsi qu’à ses ambitions, cherchant constamment à dépasser les instructions reçues de l’Amirauté.

Cook meurt à Hawaï en 1779 durant une querelle contre des indigènes, alors qu’il commande sa troisième expédition en quête du passage du Nord-Ouest.


14 février 1797 : bataille anglo-espagnole décisive du cap Saint-Vincent durant laquelle Horatio Nelson montre sa valeur en capturant les navires espagnols de 80 et 112 canons San Nicolas et San José avec son vaisseau de ligne HMS Captain portant 74 canons à bord au large du Portugal.

L’amiral Sir John Jervis, fort de ses quinze vaisseaux de ligne l’emporta sur les 24 navires de l’amiral espagnol Don José de Córdoba.

Les Espagnols sont défaits, en raison de la piètre qualité de leurs équipages. Sir Jervis pouvait compter sur des matelots disciplinés ainsi que sur des commandants chevronnés tels que Nelson et Collingwood, futurs héros de Trafalgar.

Non seulement cette victoire a découragé tout projet d’alliance entre la France révolutionnaire et le royaume d’Espagne mais elle a remonté le moral de la Royal Navy qui avait été fortement ébranlé par toute une série de mutineries. Enfin et surtout elle a favorisé en Nelson, par la reconnaissance unanime de ses pairs, l’ascension au sein de la Navy d’un jeune chef capable de prendre des initiatives imprévisibles et intrépides, désobéissant aux schémas classiques de la guerre sur mer. Initiatives qui, emportant l’adhésion en pleine confiance de ses subordonnés, seront couronnées de succès jusqu’aux triomphes des batailles d’Aboukir et de Trafalgar et l’anéantissement de la flotte de l’ennemi juré de l’Angleterre de Pitt.


14 février 1939 : l’Allemagne lance le cuirassé Bismarck.

Nommé d’après le chancelier allemand Otto von Bismarck qui fut l’un des architectes de l’unification allemande au XIXe siècle, il fut, avec son navire-jumeau le Tirpitz, le plus grand navire de guerre utilisé par l’Allemagne.

Le Bismarck fut construit dans le chantier naval Blohm & Voss de Hambourg entre  et  ; après son entrée en service en , il passa plusieurs mois à réaliser des essais en mer Baltique avant de participer à l’opération Rheinübung sous le commandement du capitaine de vaisseau Ernst Lindemann en . Accompagné du croiseur lourd Prinz Eugen, il devait attaquer les convois alliés entre l’Amérique du Nord et le Royaume-Uni. Durant leur trajet vers l’Atlantique nord, les deux navires furent repérés à plusieurs reprises et l’Amirauté britannique déploya des unités de la Royal Navy pour les intercepter. Lors de la bataille du détroit de Danemark le , le Bismarck détruisit le croiseur de bataille Hood, l’un des plus puissants navires britanniques, et obligea le cuirassé Prince of Wales à se replier. Ayant été touché à plusieurs reprises et perdant du combustible, le Bismarck mit le cap vers la France occupée pour y être réparé tandis que le Prinz Eugen poursuivait sa mission.

Après la destruction du Hood, la Royal Navy mobilisa des dizaines de navires pour intercepter le cuirassé avant qu’il ne rejoigne la protection de l’aviation et des sous-marins allemands. Le , le Bismarck fut attaqué par des bombardiers-torpilleurs Fairey Swordfish lancés par le porte-avions Ark Royal ; l’une des torpilles toucha sa poupe et rendit inopérant son gouvernail. Dans l’impossibilité de manœuvrer, il fut rattrapé le lendemain par les cuirassés Rodney et King George V. Le Bismarck fut neutralisé par l’intense bombardement britannique et il coula après avoir été sabordé par son équipage ; seuls 114 marins et un chat survécurent sur un effectif de plus de 2 200. Son épave fut localisée en  par l’océanographe américain Robert Ballard à 650 kilomètres au large de la côte française, à pratiquement 4 800 mètres de profondeur.

Équipage
Commandant Ernst Lindemann
Équipage 103 officiers
1 962 marins
Caractéristiques techniques
Longueur 251 m (hors tout)
241,6 m (flottaison)
Maître-bau 36 m
Tirant d’eau 8,63 m (à vide)
9,90 m (en charge)
Déplacement 41 700 t
Port en lourd 50 300 t
Propulsion 12 chaudières
3 turbines à vapeur
3 hélices
Puissance 111,98 MW
Vitesse 30,01 nœuds (55,6 km/h)
31,1 nœuds (57,6 km/h)
Caractéristiques militaires
Blindage 320 mm (ceinture)
50−120 mm (pont principal)
130−360 mm (tourelles)
Armement (4 × 2) × 380 mm
(6 × 2) × 150 mm
(8 × 2) × 105 mm
(8 × 2) 37 mm (SK C/30)
(12 × 1) × 20 mm
Rayon d’action 16 430 km à 19 nœuds (35 km/h)
Aéronefs 4 Arado Ar 196

 

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