Vendée Globe, le retour du Boss et le bon positionnement de Josse

Depuis hier soir, le retour d’Alex Thomson était prévisible. Le Britannique attaque comme un fou. Il est celui qui a parcouru le plus de milles en 24 h : 480 à la vitesse de 20 nœuds. Il est également l’homme le plus rapide depuis le départ du Vendée Globe et celui qui a fait le plus de milles depuis les Sables d’Olonne : 2 226 milles à la vitesse moyenne de 15 nœuds. Tout est dit sur la manière d’Alex de mener sa course. Il tente des coups, parfois extrêmes, fait des erreurs (comme son décalage à l’Est le long des côtes portugaises), mais n’hésite pas à pousser sa machine dernier-cri dans ses retranchements. Résultat : il revient à vitesse grand V dans le rétroviseur d’Armel Le Cléac’h en tête depuis 4 jours.

Le pot au noir, ce sera demain soir

On le voit, les trajectoires des Imoca de tête présentent des petits décalages qui peuvent faire une grande différence au moment d’aborder la zone de convergence intertropicale (ZCIT). 77 milles séparent en latéral Sébastien Josse (Edmond de Rothschild) le plus à l’ouest d’Alex Thomson : la taille d’un degré de longitude, et cela peut jouer ! Car d’après Great Circle, le pot au noir deviendrait de plus en plus actif et se déplacerait vers l’ouest. En théorie mieux vaut donc être à la place de Sébastien, qui pourra disposer d’un meilleur angle au moment de rentrer dans le marasme. Il est clair que l’Anglais coupera entre les îles là où il peut y avoir des accélérations mais subir par la suite le dévent. Morgan Lagravière, lui, a préféré se décaler juste avant l’archipel pour le déborder par l’Ouest.

Les conditions que rencontrent les foilers sont propices à des vitesses supérieures aux bateaux à dérives. Vincent Riou est ce soir troisième et Paul Meilhat redescend à la 7e place. Mais dans le pot au noir ce sera peut être une autre histoire…

Ils ont dit

Sébastien Destremau (TechnoFirst – faceOcean)
« Je me suis un peu laissé embarquer dans Madère, c’est pas terrible, ce n’était vraiment pas une bonne option, mais bon, cela m’aura permis de découvrir l’Archipel. Sinon tout va super bien à bord, je navigue à mon rythme, dans de belles conditions. Ce ne sont pas vraiment les vacances, mais j’avoue que se retrouver en mer dans ces conditions, c’est une chance incroyable. On est vraiment des privilégiés. Même si je suis entré tout de suite dans la course, je ne m’inscris pas dans la compétition, je ne sais pas où sont mes concurrents et je ne veux même pas le savoir… Ce n’est pas important pour moi, la course passe au second plan ».
Paul Meilhat (SMA)
« On navigue dans des allures où les foilers ne vont pas forcément très vite, donc c’est super motivant de rester au contact avec les bateaux de nouvelle génération. On a un alizé très stable ce qui est assez confortable. J’étais à 20 nœuds presque toute la nuit et j’ai bien dormi. Pour la suite, ça va jouer en stratégie. Je me concentre sur la route, le bateau est très sain et cela me permet de bien me reposer. Je pense passer le pot au noir lundi, il a l’air plutôt sympathique. On a de la chance, car on n’aura pas besoin de se décaler trop dans l’ouest pour le passer. Les conditions sont agréables et le fait d’être dans le match est la meilleure des motivations ».
Jérémie Beyou (Maître CoQ)
« Je reste dans le paquet de tête, donc c’est bien. J’ai fait un peu le trou sur le paquet suivant avec Yann Eliès. Ça va être intense jusqu’à passer les îles du Cap Vert, après ce sera plus cool. Il faut vraiment être concentré en permanence sur les réglages, car on a des vents irréguliers entre 20 et 30 nœuds… Sinon, la vie à bord est juste insupportable, avec énormément de bruit, je n’entends presque pas ce que vous dites à la vacation. Ce n’est pas très marrant, les bruits sont très stridents, ils font vibrer tout le bateau, c’est comme le bruit de la roulette chez le dentiste… ».
Kito de Pavant (Bastide Otio)
« Les conditions sont très irrégulières avec des grains, du vent parfois fort. Depuis Madère, j’ai perdu beaucoup de milles, je n’étais pas en phase avec les éléments et mes voiles. Maintenant, j’ai la bonne voile, mais il m’a fallu trois jours pour trouver le bon réglage, ce qui m’a fait perdre beaucoup de milles sur mes petits camarades ».
Alex Thomson (Hugo Boss)
« C’est un peu fou depuis quelques heures. Je suis à la limite de mon plan de voilure actuel donc le bateau a besoin d’une attention constante et permanente pour que je ne parte pas au tas ou que j’empanne sans le vouloir ou descendre une vague trop violemment. Il faut gérer beaucoup de problèmes potentiels et il faut toujours prendre soin du bateau de manière préventive, il faut tout anticiper. C’est facile à voir à l’AIS quand un marin fait des changements de voiles. En ce moment je suis sous grand-voile avec un ris, et le spi médium. Mon routage m’indique un passage à travers les îles et je serai avec Safran à mon avis, peut-être SMA aussi. Je ne connais pas le programme pour Banque Populaire ou PRB. »
Alan Roura (La Fabrique)
« Il y a quelques grains. Le souci c’est qu’ils arrivent de nuit donc ils sont un peu plus durs à voir arriver. J’essaie de jouer avec mes voiles en fonction et pour faire le moins de manœuvres possibles. Il ne me reste effectivement plus qu’un seau pour tout faire, la cata (rire). J’ai voulu le remplir tout bêtement et il s’est fait emporter… Donc l’unique seau qu’il me reste sert de toilette, de bac à vaisselle et de douche… Pas hyper pratique. J’ai gagné une place, je n’ai jamais été autant au taquet sur la carto ! Je construis mes stratégies et tire sur le bateau un peu plus que d’habitude. Je suis devant Pieter Heerema et devrai passer notre ami Enda O’Coineen en fin de journée si tout va bien. »

Didac Costa – One Planet One Ocean
« Ce matin, j’ai passé le Cap Finisterre mais la météo n’est pas très bonne. Le bateau va bien. Je sais ce que je dois faire jusqu’aux Canaries. Les autres bateaux sont très loin mais la course est longue, tout peut arriver donc je reste très motivé. »

Bertrand de Broc (MACSF)
« Pour le passage du pot au noir, nous avions des renseignements assez fiables jusqu’à maintenant et à part quelques petites bricoles à faire à bord, je suis assez prêt. J’essaie de bien faire marcher MACSF avec les moyens que j’ai actuellement. Ça va s’arranger mais je ne suis qu’à 85% du potentiel du bateau… Je ne peux pas envoyer les voiles que je voudrais… Je passe pas mal de temps sur le pont, plus parce qu’il fait beau, que pour manœuvrer puisque je ne peux pas : trop de vent, trop de mer. Ça glisse bien. Au moins c’est « reposant », je peux faire à manger, prendre des photos, des vidéos, j’en ai fait une bonne collection ce matin. Je m’occupe et attends de pouvoir régler mes petites histoires quand ce sera plus calme. » 

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La revue trimestrielle MARINE & OCÉANS est éditée par la "Société Nouvelle des Éditions Marine et Océans". Elle a pour objectif de sensibiliser le grand public aux principaux enjeux géopolitiques, économiques et environnementaux des mers et des océans. Informer et expliquer sont les maîtres mots des contenus proposés destinés à favoriser la compréhension d’un milieu fragile.   Même si plus de 90% des échanges se font par voies maritimes, les mers et les océans ne sont pas dédiés qu'aux échanges. Les ressources qu'ils recèlent sont à l'origine de nouvelles ambitions et, peut-être demain, de nouvelles confrontations.

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