Le commissaire européen chargé du secteur, le Maltais Karmenu Vella, s’est félicité d’un « compromis équilibré qui protègera notre environnement et nos ressources halieutiques dans les eaux profondes tout en mettant un terme à l’incertitude à laquelle étaient confrontés les pêcheurs ».
L’accord conclu jeudi bannit le chalutage de fond à plus de 800 m dans les eaux européennes. Cette profondeur est ramenée à 400 m dans les zones dites « d’environnement marin vulnérable ».
Dans les eaux autorisées, la pêche en profondeur ne pourra être pratiquée que si la zone a déjà été exploitée par le passé entre 2009 et 2011. Les contrôles seront renforcés, tout comme les sanctions en cas d’infraction.
L’accord intervient près de quatre ans après la publication des premières propositions de Bruxelles sur ce type de pêche, au poids assez faible dans l’UE, mais très sensible pour l’environnement.
La pêche en eaux profondes ne représente qu’environ 1% des débarquements de l’Atlantique Nord, mais elle constitue « le plus grand risque de destruction des écosystèmes marins vulnérables et irremplaçables », soulignait la Commission européenne en juillet 2012, lorsqu’elle a mis sur la table ses propositions.
En râclant les fonds marins où vivent coraux et éponges, elle entraîne des niveaux élevés (20% à 40%) de captures non désirées et affecte des stocks vulnérables, qui ne peuvent supporter qu’une faible pression de pêche car ils mettent des années à arriver à maturité pour se reproduire, comme les requins d’eaux profondes.
« De façon générale, les pêcheries profondes ne sont pas durables », concluait alors la Commission.
En quatre ans, l’idée initiale d’interdire totalement les chaluts de fond a été abandonnée, fermement combattue par la France et l’Espagne, dont les grands chalutiers nomades sont les plus ciblés: avec le Portugal, les trois pays remontent 90% des prises en eaux profondes.
En France, les quatre ports les plus concernés par ce type de pêche se trouvent en Bretagne (ouest) et dans le nord du pays, à Boulogne-sur-Mer.
L’interdiction de la pêche en eaux profondes a fait l’objet d’une intense mobilisation citoyenne, avec plus d’un million de signatures recueillies en sa faveur par l’association française de protection des océans Bloom. Elle a été saluée jeudi par la Deep Sea Conservation Coalition, regroupant plus de 70 ONG engagées dans la protection des fonds marins.