Cargo à la dérive: dernier essai de remorquage lundi, sinon un échouage dans les Landes

« Aujourd’hui, la mer est la plus forte. Il nous reste un créneau favorable, demain lundi, pour tenter de passer une remorque (câble, NDLR) », a déclaré à la presse à Brest le préfet maritime de l’Atlantique Emmanuel de Oliveira.

« Mais si la remorque n’est pas passée demain dans la journée, le Modern express s’échouera sur la côte sableuse du département des Landes entre lundi soir et mardi soir », et sera accompagné « jusqu’au point d’échouage », a prévenu le vice-amiral d’escadre de Oliveira.

Le point d’échouage et heure seront précisés « au fil des heures », selon lui, mais les 15 communes du littoral des Landes ont déjà été mises en alerte, a indiqué la préfecture de ce département.

En cas d’échouage, des plans anti-pollution Polmar, Mer et Terre, seront déclenchés localement. Des brèches pourraient se produire dans les soutes à gazole du cargo lors de l’échouage, mais le préfet maritime a assuré qu’il « ne craint pas du tout de marée noire », le bateau ne transportant que 300 tonnes de gazole de propulsion.

A titre de comparaison, le pétrolier Prestige, naufragé en 2002 au large de la Galice, transportait 77.000 tonnes de fioul.

– ‘Une chance sur deux’ de réussir –

La ministre de l’Ecologie Ségolène Royal a assuré dimanche qu’en cas de fuite seraient mobilisés « tous les moyens déjà sur place: la sécurité civile, le travail du préfet maritime, 70 militaires spécialisés, des barrages -des gros boudins qu’on met sur la mer pour empêcher la marée noire de venir ». La ministre a estimé qu’il y a « une chance sur deux de réussir le remorquage ».

Le Modern express, cargo de 164 mètres de long, transportant 3.600 tonnes de grumes de bois et des engins de travaux, se trouvait dimanche vers 18H à 85 km à l’ouest du Bassin d’Arcachon, poursuivant sa dérive sud-est, ralentie à 1 noeud (1,8 km/h).

Dimanche, une météo hostile, avec des rafales à 80 km/h le matin, à 50 km/h en fin de journée, des creux de près de 6 m, a empêché toute tentative d’hélitreuiller sur le cargo des experts en renflouement de la société néerlandaise spécialisée Smit Salvage, pour préparer le remorquage. Cette météo offrira une fenêtre lundi matin, avec des vents à 15-25 noeuds (27-37 km/h), mais encore une forte houle.

« La difficulté ici est une combinaison de plusieurs choses, le vent, la houle, et l’angle d’inclinaison du bateau, qui revient à escalader une montagne, mais qui bouge », a expliqué à l’AFP un porte-parole de Smit Salvage. Mais si une fenêtre météo permet de passer une ligne, « remorquer le bateau est faisable », selon lui.

Car la gîte du cargo, de l’ordre de 40-50 degrés, reste stable depuis plusieurs jours, et il ne s’enfonce pas, signe d’absence de voie d’eau.

– Le renflouement ‘peu probable’ –

Cinq bâtiments restaient dimanche dans la zone du cargo: une frégate, un remorqueur et un navire de dépollution français, et deux remorqueurs espagnols engagés par Smit Salvage. Un arrêté a été pris interdisant toute navigation ou survol de la zone, y compris par des drones.

En cas de remorquage réussi, « l’option la plus probable serait (vers) un +port refuge+, probablement sur la côte Nord de l’Espagne », a indiqué le préfet. Les autorités maritimes sont en lien à ce sujet avec leurs homologues espagnols.

Mais en cas d’échouage, le Modern express semble voué à un démantèlement (ou découpage), comme le cargo espagnol Luno en 2014 sur la plage d’Anglet (Pyrénées-Atlantiques), plutôt qu’un renflouement, comme le néerlandais Artemis aux Sables d’Olonnes (Vendée) en 2008.

« Tout va dépendre des conditions de l’échouage, les deux solutions sont possibles (mais) le renflouement aujourd’hui me paraît peu probable étant donné l’état du navire et sa gîte, et sa taille, je pense que c’est plutôt vers un démantèlement que l’on s’orientera », a suggéré le vice-amiral.

Le Modern express, cargo récent (2001) immatriculé au Panama, naviguait du Gabon vers Le Havre lorsqu’il a émis mardi un signal de détresse à 280 km de la pointe Nord-Ouest de l’Espagne, à la suite d’une forte gîte, probablement due à un désarrimage de sa cargaison. Ses 22 hommes d’équipage, philippins, avaient été évacués par des hélicoptères espagnols.

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