Areva et l’espagnol Gamesa vont fusionner dans l’éolien en mer

Cette « joint-venture », dont le nom n’a pas encore été décidé et dont le montage financier exact n’a pas été dévoilé, sera détenue à 50-50 par les deux groupes, a indiqué le patron de la division énergies renouvelables d’Areva, Louis-François Durret, lors d’une conférence téléphonique.

L’alliance vise notamment à financer les importants investissements « de longue haleine et lourds » qu’Areva doit mettre en oeuvre pour développer une éolienne géante d’une puissance de 8 mégawatts (soit environ 50% de plus que les modèles installés actuellement) et adapter ses usines, a-t-il expliqué.

« Il faut que l’éolien en mer réduise ses coûts, c’est absolument impératif, les clients l’exigent, les Etats qui les soutiennent l’exigent, et c’est bien normal », a souligné M. Durret.

Un mégawattheure produit par une éolienne en mer avoisine actuellement 180 à 200 euros, selon des estimations. Les investisseurs, a rappelé M. Durret, attendent que ce chiffre tombe autour de 130 à 140 euros à l’horizon 2020 pour mener de nouveaux grands projets qui doivent fleurir dans le monde, en premier lieu au large des côtes venteuses et aux eaux moins profondes du nord de l’Europe.

« Pour réduire les coûts, il faut développer des turbines de grande capacité », a-t-il souligné, alors que le danois Vestas a également annoncé un projet d’éolienne de 8 mégawatts, les plus gros modèles sur le marché étant aujourd’hui ceux de l’allemand Siemens et du français Alstom (6 MW).

Le grappin sur Iberdrola

« Ces développements sont coûteux et risqués et sont plus faciles à supporter à deux que un, c’est la logique des regroupements comme celui d’aujourd’hui », a fait valoir le responsable d’Areva, sans vouloir dévoiler le montant d’argent qu’il va falloir injecter.

Acteur important de l’éolien offshore depuis le rachat de l’allemand Multibrid en 2010, le groupe public français met notamment dans la corbeille de la mariée ses usines existantes (en Allemagne) et en projet (France, Ecosse), ses effectifs (700 personnes dans l’éolien en mer), ainsi que son carnet de commandes (120 éoliennes de 5 mégawatts) et ses appels d’offres remportés.

Gamesa, acteur historique de l’éolien terrestre mais moins avancé dans l’éolien marin, apportera lui des effectifs et un prototype de 5 mégawatts. S’il n’a pas de carnet de commandes en mer, il offre toutefois de bonnes perspectives commerciales, puisque son actionnaire (à 19,6%) et compatriote Iberdrola mène d’importants projets dans l’offshore, notamment au Royaume-Uni.

« Iberdrola, qui est un des actionnaires historiques et important de Gamesa, soutient ce rapprochement. La forme que prendra ce soutien est encore en discussions aujourd’hui, mais à coup sûr cela nous positionne très favorablement sur des projets qu’Iberdrola a dans différents pays », a souligné M. Durret. Areva collabore déjà avec Iberdrola sur des projets de parcs éoliens en mer en Bretagne et en mer Baltique allemande, a-t-il rappelé.

Quant à un éventuel complément financier apporté par Gamesa en raison de sa taille plus petite dans l’éolien en mer, Areva a répondu que le montage financier de l’accord serait précisé plus tard.

L’opération, qui fait naître un attelage franco-germano-espagnol alors que le président français François Hollande vient d’appeler de ses voeux l’émergence d’un « Airbus » des énergies renouvelables, devrait être finalisée « pour l’été 2014 », selon Areva.

Même s’il dépend de tarifs subventionnés de l’électricité, le marché européen de l’éolien offshore devrait devenir très conséquent et avoisiner 20 à 25 gigawatts d’ici 2020, dont environ la moitié au Royaume-Uni, selon les prévisions du groupe.

Areva, dont plus de 90% du chiffre d’affaires vient encore du nucléaire et de l’uranium, est notamment en lice pour le deuxième appel d’offres français dans l’éolien en mer, qui porte sur deux parcs de 500 mégawatts chacun au large du Tréport (Seine-Maritime) et des îles de Noirmoutier et d’Yeu (Vendée).

map/fpo/lth

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