Boat-people musulmans de Birmanie: le parti d’Aung San Suu Kyi appelle au respect de leurs « droits »

« Ce sont des êtres humains. On ne peut pas juste les envoyer en mer. Ils ont aussi des droits », a déclaré Nyan Win, porte-parole de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), devant des journalistes dont l’AFP.

Il a ajouté que le pays « devait accepter » cette minorité musulmane apatride de 1,3 million de personnes, considérée par l’ONU comme l’une des plus discriminées au monde et qui vit souvent dans des conditions difficiles en Birmanie, dans des camps, sans accès au travail, aux soins ou à l’éducation.

Il a encore dit que la législation concernant l’obtention de la citoyenneté birmane devrait être assouplie, des propos forts dans un pays où la question des Rohingyas est taboue, notamment à l’approche des législatives de novembre 2015, auxquelles la LND est donnée grande gagnante.

Le gouvernement birman, composé pour l’essentiel d’anciens responsables de la junte autodissoute en 2011, est salué pour les réformes menées depuis quatre ans, mais reste très critiqué sur les droits de l’Homme, notamment concernant les Rohingyas.

le gouvernement birman a semblé donner des signes d’apaisement lundi, disant « comprendre l’inquiétude internationale » concernant le sort des boat-people en Asie, mais sans nommer les Rohingyas.

Mais, tout en disant cela, le ministre de l’Information, Ye Htut, a appelé à cesser d' »accuser la Birmanie pour tous ces problèmes » de boat-people.

La Malaisie, l’Indonésie et la Thaïlande, voisins de la Birmanie, sont confrontés à cet afflux de migrants et font face à une pression internationale grandissante pour sauver les milliers de migrants, notamment rohingyas, qui seraient perdus en mer après avoir été abandonnés par leurs passeurs.

Rangoun a menacé de boycotter un sommet régional sur le sujet organisé par la Thaïlande le 29 mai.

Le chef de la junte militaire thaïlandaise a assuré lundi que ce sommet serait destiné à mettre en place des « régulations » régionales sur le sort à réserver aux migrants interpellés, entre amendes, prison et rapatriement.

Bangkok a aussi annoncé lundi la reddition d’un ancien élu local de sa province méridionale de Satun, accusé d’être un acteur important du trafic de clandestins.

Alors que la Thaïlande s’est lancée dans une opération très médiatisée de lutte contre la traite humaine, Pajjuban Aungkachotephan, plus sous le nom de Ko Tong ou « Grand frère Tong », a été montré à la télévision et envoyé vers le sud du pays, à des fins d’enquête.

La Thaïlande, pressée depuis des années par les Occidentaux de s’atteler à la question de ce trafic, a lancé début mai des raids dans le sud au coeur de la jungle contre des camps de transit utilisés par les trafiquants, oeuvrant avec des responsables des autorités locales.

En Asie du Sud-Est, cet exode d’exilés du Bangladesh et de Birmanie fuyant la misère ou les persécutions dure depuis des années, mais il prend depuis quelques jours une tournure plus visible, les filières clandestines se retrouvant apparemment désorganisées par la nouvelle politique répressive de la Thaïlande.

Ne pouvant plus se rendre dans ce pays, traditionnelle voie de passage, les trafiquants ont abandonné en mer des migrants.

Certains ont réussi à rallier ces derniers jours les côtes malaisiennes et surtout indonésiennes où la police a décrit des scènes terribles de migrants se jetant par-dessus bord.

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