Les plages marseillaises condamnées au drapeau violet ?

67 jours de fermeture en 2011, 33 à ce stade en 2012… les étés se suivent et se ressemblent dans la deuxième ville de France.

Lundi matin, d’abondantes précipitations pendant une demi-heure ont obligé la municipalité à fermer 15 de ses 21 plages par mesure de précaution.

Dix d’entre elles ont pu accueillir des baigneurs dès le lendemain grâce à la mise en place de méthodes de prélèvement ultra-rapides, aux résultats disponibles en seulement trois heures. Dernières plages à rouvrir jeudi, l’Huveaune et Borély sont invariablement les premières à souffrir du ruissellement des déchets provoqué par la pluie.

En temps normal, eaux usées et pluviales, mêlées dans le centre-ville au sein d’un réseau unitaire d’assainissement, sont dirigées vers la station d’épuration.

Mais « en cas de fortes pluies, elles sont orientées vers des bassins de rétention et quand les bassins sont pleins, vers des exutoires le long du littoral, notamment quasiment au niveau de la plage de l’Huveaune », pour cette raison surnommée « Epluchures Beach », explique Lionel Mallet, responsable dans les Bouches-du-Rhône de Surfrider Foundation Europe, une association de protection du littoral et de la mer. Un peu de vent, et les détritus se retrouvent disséminés sur l’ensemble du littoral marseillais.

Le militant écologiste pointe « l’insuffisance des bassins de rétention » qui ont une capacité de 150.000 m3, « alors qu’il en faudrait 1,2 million ».

Cinq plages sous vigilance

A la mairie, on reconnaît le problème. « Il faut les augmenter de façon fondamentale, et on n’y est pas encore », admet Françoise Gaunet, adjointe déléguée à l’hygiène et la santé, tout en mettant en avant la spécificité de Marseille, dont le relief, avec la présence de massifs montagneux proches, favorise le ruissellement vers le bord de mer.

Une configuration, relève-t-elle, très différente de Cannes ou Nice, ses voisines de la Côte d’Azur.

L’élue rappelle aussi la nécessité d’agir en amont au niveau de la vingtaine de communes déversant leurs eaux dans le fleuve l’Huveaune, qui prend sa source dans le massif de Sainte-Baume et se jette à Marseille dans la Méditerranée. Pour ce faire, un « contrat de rivière » est actuellement en préparation, sous l’égide de l’Etat.

Il y a en tout cas urgence car d’ici 2015, une directive européenne en date du 15 février 2006 va durcir les règles. Et les sites à la qualité des eaux insuffisante seront fermés (http://baignades.sante.gouv.fr).

A Marseille, plus grand parc urbain balnéaire de France, cinq plages (Catalans, Prophète, Huveaune, Anse des Sablettes et Saint-Estève, au Frioul) pourraient être concernées en raison de la présence trop importante des deux bactéries analysées dans le cadre du contrôle sanitaire de l’Agence régionale de santé (ARS): les Escherichia coli et les entérocoques intestinaux, témoins d’une contamination d’origine fécale provenant des rejets d’eaux usées.

« Dans deux ans, elles seront aux normes européennes », promet Mme Gaunet. « Marseille n’est pas en eaux troubles, martèle-t-elle, évoquant aussi les 7 à 9 millions de travaux programmés sur les différentes plages pour réduire la pollution liée aux activités humaines. « Aujourd’hui, poursuit-elle, on fait beaucoup mieux qu’avant et 93% du temps », les plages, où affluent chaque été 2 millions de personnes, sont ouvertes.

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