L’UE ferme jusqu’en avril la pêche au bar pour assurer sa survie

Cette mesure vise à « protéger le stock quand il est le plus vulnérable », durant sa période de reproduction, a souligné l’exécutif européen dans un communiqué. La décision doit entrer en vigueur « avant la fin du mois », une fois formellement adoptée.

La pêche au chalut pélagique (qui n’est pas trainé sur le fond) « représente 25% de l’impact sur le stock, durant la période de reproduction », a précisé la Commission.

Cette fermeture provisoire de la pêche au bar « sera complétée par d’autres mesures, que la Commission et les pays concernés – Royaume-Uni, France, Belgique, et Pays-Bas – préparent en commun », en vue de leur adoption par les ministres de la Pêche. « Cela inclura des mesures de gestion de la pêche de loisir et de limitation des captures pour toutes les autres formes de pêche commerciale » de ce poisson à la chair blanche très prisé.

La Commission a recouru à son droit d’imposer des mesures d’urgence pour protéger des espèces menacées, faute d’accord entre les États pour prendre acte des mises en garde lancées par les experts. L’ICES (Conseil international pour l’exploration de la mer) a recommandé pour 2015 une baisse de 80% des prises en 2015 dans la Manche et en mer du Nord. Les pêcheurs français réalisent plus de 70% de ces captures, suivis par leurs collègues belges et néerlandais.

« C’est une mesure positive, surtout sur le long terme pour préserver les générations futures, mais pas suffisante », a jugé Stephan Beaucher, un expert de l’organisation environnementale Pew. « Il faut aussi une très forte limitation de la pêche du bar au chalut de fond et au filet », en ne permettant pour ces engins de pêche « que des captures accessoires ou accidentelles », a-t-il plaidé.

En revanche, le président du comité régional des pêches de Bretagne, Olivier Le Nézet, s’est dit « scandalisé » par cette interdiction, qui porte préjudice selon lui à « des centaines de navires de petite pêche » en France. « Nous nous retrouvons dans une situation économique et sociale dramatique », a-t-il assuré à l’AFP.

« S’il y a une interdiction pour un type de métier pourquoi ne l’est-elle pas pour l’ensemble » des pêcheurs, a-t-il dénoncé en référence à la pêche de loisir. Cette mesure est le signe « d’une défaite cuisante de la Commission européenne en termes de gestion de la ressource (…) Cette approche est complètement scandaleuse », a-t-il estimé, assurant que les comités des pêches allaient déposer des recours auprès de la Cour européenne de justice.

« Cette interdiction aura un impact fort dans la région », a regretté de son côté la région des Pays de la Loire dans un communiqué, soulignant le « poids économique fort dans la région » de la pêche au bar. La région compte 31 navires armés au chalut pélagique et le bar y représente un chiffre d’affaires de près de 13 millions d’euros en 2013.

La précédente fermeture de pêche imposée par la Commission concernait l’anchois, dont la capture avait été totalement interdite dans le golfe de Gascogne entre 2005 et 2009. Le stock est depuis reparti à la hausse.

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