Trois femmes officiers à bord d’un sous-marin nucléaire en 2017, une première

Après une sélection des volontaires en 2014, leur formation débutera en 2015 et les trois femmes officiers devraient pouvoir embarquer en 2017 à bord d’un SNLE, a annoncé mardi le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Jusqu’à présent, l’affectation dans les équipages de sous-marins n’était pas ouverte aux femmes.

« Il faut que la féminisation soit généralisée, c’est pourquoi j’ai annoncé que même dans les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, demain il y aura des femmes », a déclaré M. Le Drian. « C’est le symbole comme quoi les femmes participent totalement à l’effort de défense ».

La Défense avait annoncé de longue date sa volonté d’ouvrir l’accès des sous-marins aux personnels féminins quand les bâtiments de ce type de nouvelle génération seraient adaptés pour les accueillir. Ce qui passe en particulier par des lieux de vie séparés entre les hommes et les femmes, ce qui n’est pas le cas actuellement.

« Lorsque je vais en opération, sur les théâtres, je vois des femmes y compris dans les forces les plus en avant, les plus combattantes », a souligné le ministre.

M. Le Drian s’exprimait lors de la remise d’un rapport sur la prévention des risques de harcèlement sexuel et moral dans les armées, après des cas dénoncés dans un livre-enquête.

Auditionné dans l’après-midi par la Commission de la défense de l’Assemblée nationale, il a rendu hommage à l’état-major de la marine.

« C’est une décision qui ne paraissait pas évidente et il a valu la volonté de le faire. Il y a des femmes pilotes de chasse, des femmes commandos, dans les forces spéciales, mais les sous-marins c’était peut-être un tabou. En tous cas, ce tabou est levé », a-t-il déclaré. « La féminisation c’est un ensemble que nous devons poursuivre, je crois que cet acte-là en est un bon exemple », a souligné le ministre.

Cette décision « aboutira progressivement à la généralisation de la féminisation sur les sous-marins », a-t-il fait valoir, en soulignant qu’elle devra entraîner des « adaptations techniques » sur les bâtiments. « Dans la nouvelle génération des barracuda (une catégorie de sous-marins, ndlr), ce sera plus facile, on anticipe, mais dans les SNLE déjà existants il faudra prendre les mesures nécessaires », a-t-il dit.

Certaines femmes de marins voient d’un mauvais oeil l’initiative ministérielle. « C’est vraiment une très mauvaise idée, ça ne marchera pas », a affirmé Laurence, interrogée par l’AFP et dont le mari a travaillé pendant 17 ans et demi en tant que sous-marinier sur la base de l’Ile-Longue (Finistère). « Le Drian n’a qu’à embarquer pendant 2 mois et demi dans un sous-marin, il se rendra compte de lui-même que ce n’est pas possible d’autoriser les femmes à bord », a-t-elle argué.

Avec 14% de femmes, la Marine nationale est dans la moyenne du taux de féminisation global des armées, qui est d’environ 15%. L’armée de l’Air compte 22% de personnels féminins et l’armée de Terre 10%. La Marine compte actuellement deux femmes au grade d’amiral, dont l’une commande les forces armées en Polynésie française. 23 femmes commandent ou ont commandé des bâtiments de surface, selon les chiffres de la Défense.

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