La guerre entre Israël et le Hamas peut-elle être contrôlée depuis la mer ?

Par Bertrand de Lesquen

La guerre entre Israël et le Hamas peut-elle être contrôlée depuis la mer ?

Après avoir déployé en Méditerranée orientale deux groupes aéronavals dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas, les Etats-Unis « renforcent la mise » avec la mobilisation d’une force amphibie et à son bord la 26ème Marine Expeditionary Unit (MEU), unité du Corps des Marines basée à camp Lejeune en Caroline du Nord.

Des Marines, Ronald Reagan, 40ème président des Etats-Unis, disait « qu’ils n’ont jamais donné l’occasion à personne de douter qu’ils sont les meilleurs soldats du monde ».

La 26ème MEU compte 2200 soldats capables d’intervenir dans les trois dimensions, terre, air, mer, pour mener des opérations amphibies et des opérations spéciales, une petite armée dans la grande disposant en propre d’un armement très complet : embarcations rapides, véhicules de combat, avions et hélicoptères pour du transport de troupes, des frappes et du soutien au sol.

L’objectif de cette mobilisation des « nuques de cuir », surnom donné aux Marines, est de renforcer le message américain adressé au Hezbollah et à l’Iran de ne pas entrer dans le conflit. Cela suffira-t-il sachant que l’Iran, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, a menacé Israël d’une action préventive de « l’axe de la résistance », avec en fer de lance le Hezbollah.

Solidement installée au sud-Liban, la milice chiite, soutenue par Téhéran, est une armée non-étatique « XXL » qui serait capable d’aligner, selon un chiffre rendu public en 2021 par son chef Hassan Nasrallah, 100 000 hommes auxquels s’ajouteraient 30 000 réservistes, ce qui la classerait, selon le journal libanais L’Orient – Le jour, comme la « 48ème armée du monde ». Un chiffre accueilli avec scepticisme par les experts qui balancent entre 50 000 hommes incluant 25 000 réservistes et, pour l’Institut d’études sur la sécurité nationale (INSS) basé à Tel Aviv, 70 000 hommes dont 25 000 bien entrainés.

Dans un rapport publié en 2017, l’INSS soulignait que le risque d’éclatement d’un conflit était plus élevé avec le Hamas qu’avec le Hezbollah ou l’Iran, mais ajoutait que le Hezbollah était « la menace conventionnelle la plus sérieuse à laquelle Israël est confronté, plus que le Hamas ou l’Iran. »

La milice disposerait de fait d’un armement très complet (armes antichars et antiaériennes, roquettes, missiles, drones…). En 2022, le chef des Gardiens de la révolution iraniens, Hossein Salami, cité par L’Orient-Le jour, avait déclaré que « 100 000 missiles » étaient prêts au Liban « à créer l’enfer » en Israël et que le Hezbollah pouvait mettre l’État hébreu « à genoux ».

« Ne nous testez pas » a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à l’attention de l’Iran et du Hezbollah évoquant la menace d’ouverture d’un autre front au nord du pays, menace que les bâtiments américains et les 2200 « nuques de cuir » positionnés en mer ont pour objectif de conjurer… La frappe sur un hôpital à Gaza renforce l’enjeu.

Bertrand de Lesquen

Crédits photo : Unsplash.

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